Donald Trump lors d’un meeting à Greeley, dans le Colorado, le 30 octobre. | CHIP SOMODEVILLA / AFP

Donald Trump a souvent été confronté à la justice américaine au cours de sa carrière d’homme d’affaires, que ce soit dans le cadre de faillites d’entreprises – dont il a si honte –, de violations de règles commerciales, ou de discrimination. Elu ou pas à l’issue de la présidentielle américaine du 8 novembre, l’actuel candidat républicain devra répondre de plusieurs accusations devant la justice.

  • Des actions de groupe lancées contre l’ancienne Trump University

Au milieu des années 2000, Donald Trump lance son « université », promettant de dévoiler les « secrets » de sa réussite dans les affaires. Sauf que plusieurs étudiants qui ont suivi les séminaires proposés dans le cadre de la Trump University poursuivent aujourd’hui le magnat de l’immobilier pour « tromperie », l’accusant d’avoir fait de fausses promesses. Une partie des anciens étudiants s’estiment lésés et demandent le remboursement de leurs frais de scolarité, qui pouvaient atteindre les 35 000 dollars (31 000 euros) par personne. Plusieurs employés de l’établissement ont également qualifié l’ancien établissement – fermé en 2010 – de « système frauduleux » et de « mensonge complet ».

Le milliardaire estime pour sa part que les élèves en ont eu pour leur argent. Le candidat républicain assure disposer de plusieurs témoignages d’étudiants satisfaits. L’ex-directeur de l’université a affirmé avoir reçu plus de 10 000 évaluations de la part des élèves, dont 97 % auraient accordé une note supérieure à 4,85 sur une échelle de 1 à 5.

Une défense contestée par d’anciens étudiants qui ont affirmé avoir subi des pressions au moment de remplir les questionnaires de satisfaction. L’anonymat des réponses n’aurait pas été respecté et ils se seraient vus signifier qu’un avis positif était indispensable pour obtenir son diplôme.

M. Trump devra en tout cas témoigner dans un tribunal de San Diego, en Californie, le 28 novembre, quelques jours après l’élection présidentielle, pour l’ouverture d’un procès regroupant deux actions de groupe lancées contre la Trump University, aujourd’hui fermée.

Une autre action de groupe a été prise en charge par un tribunal de New York, mais aucune date de procès n’a pour l’instant été fixée.

  • Une enquête ouverte sur la fondation Trump

Le procureur général de l’Etat de New York, Eric Schneiderman, a annoncé, le 13 septembre, avoir ouvert une enquête sur la fondation de Donald Trump, évoquant des soupçons d’« irrégularités » au sein de l’organisation caritative du candidat républicain à la présidentielle.

La fondation Trump doit faire face à une série d’accusations embarrassantes, dont celles du Washington Post selon lesquelles le prétendant à la Maison Blanche n’a pas versé de dons à sa propre structure depuis 2008. Le journal a par ailleurs soulevé l’achat, par le milliardaire, d’un portrait de lui-même pour 20 000 dollars (17 800 euros), avec des fonds initialement réservés à des fins caritatives.

La fondation Trump a également versé, en 2013, 25 000 dollars (22 200 euros) de dons illégaux à l’association chargée de la campagne de réélection de la procureure générale de Floride, Pam Bondi, républicaine. Un don évidemment illégal, une fondation ne pouvant financer des activités politiques. Ce don pose également problème, puisqu’il coïncide avec la décision de Mme Bondi de ne pas engager de poursuites contre le magnat de l’immobilier dans l’affaire de la Trump University. M. Trump a dû par la suite rembourser sa fondation et payer une amende de 2 500 dollars.

  • Accusations d’agressions sexuelles et de viol

Depuis la publication d’une vidéo datant de 2005 dans laquelle Donald Trump se vante d’un comportement relevant du harcèlement sexuel, plusieurs témoignages ont mis en cause le milliardaire. Dans un article publié sur le New York Times, deux femmes ont ainsi accusé le milliardaire d’agressions sexuelles.

La première reproche à M. Trump de lui avoir caressé la poitrine contre son gré et d’avoir essayé de mettre ses mains sur sa jupe, alors qu’elle était assise à côté de lui dans un avion, il y a plus de trente ans ; la seconde affirme que le magnat de l’immobilier l’a embrassée de force en 2005, lorsqu’elle travaillait comme réceptionniste dans la Trump Tower, à New York, qui accueille plusieurs entreprises. D’autres médias ont rapporté des incidents du même type.

Si ces témoignages n’ont pour l’instant pas mené à des actions en justice, une affaire de viol sur mineure devrait le forcer à témoigner sous serment en décembre. M. Trump fait en effet face à une plainte d’une certaine « Jane Doe » (nom utilisé pour qualifier une personne voulant rester anonyme) qui accuse le milliardaire de l’avoir violée à l’âge de 13 ans, lors d’une fête organisée par le riche homme d’affaires Jeffrey Epstein, en 1994.

L’accusation s’appuie également sur les déclarations de deux témoins, également anonymes. L’une d’entre elles affirme avoir travaillé pour M. Epstein – condamné en 2008 dans le cadre d’une affaire de prostitution sur mineure – en tant qu’organisatrice de soirée chargée de trouver « des adolescentes attirantes pour ces fêtes » et assure avoir « personnellement vu la plaignante être forcée à accomplir des actes sexuels avec Donald Trump et M. Epstein ».

Un juge fédéral de New York doit rencontrer, le 13 décembre, MM. Trump et Epstein dans le cadre d’une réunion préalable à un éventuel procès.

Selon une enquête du Guardian, la victime aurait été poussée par « un excentrique militant anti-Trump » à déposer plainte en juin. Le fait que ces témoignages « ne soient rendus publics que des décennies plus tard dans le dernier mois de la campagne présidentielle devrait être suffisant » à les décrédibiliser, avait expliqué un membre de l’équipe de campagne de M. Trump, alimentant une fois de plus la théorie, chère au candidat républicain, d’une élection truquée.

Mercredi 2 novembre, « Jane Doe » a annulé au dernier moment sa première conférence de presse à Los Angeles, « trop effrayée à l’idée de dévoiler son visage » après avoir reçu de « nombreuses menaces » selon son avocate, Lisa Bloom.