Manifestants contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), le 8 octobre, dans la ZAD. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

C’est un possible coup d’arrêt aux travaux de construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), à une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes. Lundi 7 novembre, lors d’une audience de la cour administrative d’appel de Nantes, le rapporteur public devrait demander l’annulation « totale ou partielle » des arrêtés préfectoraux de dérogation à la réglementation sur la protection des espèces protégées et de ceux qui concernent « la loi sur l’eau » pris en décembre 2013, selon des informations du Monde.

Une dizaine de requêtes avaient été déposées par les associations d’opposants au projet d’aéroport, concernant aussi la déclaration d’utilité publique (DUP) du « programme viaire », relative à la voirie liée à la future plateforme aéroportuaire.

Le 17 juillet 2015, le tribunal administratif avait rejeté, en première instance, toutes les requêtes des opposants, ouvrant ainsi la voie à un possible démarrage du chantier de l’aéroport. Le premier ministre, Manuel Valls, s’était alors félicité de la décision du tribunal, qui devait « entraîner la reprise des travaux ». Un refrain que le premier ministre n’a cessé d’entonner régulièrement depuis, jusqu’à tout récemment, confirmant un début des travaux à l’automne.

« Signal positif » pour les opposants

La cour administrative d’appel de Nantes peut-elle tempérer cette ardeur gouvernementale ? Certes, les conclusions du rapporteur public pourraient ne pas être suivies par la cour, qui devrait rendre sa décision dans un délai de deux à trois semaines au maximum. Pour Thomas Dubreuil, l’un des avocats des requérants, « c’est une petite surprise, mais surtout un signal positif pour nous ; après il faut attendre le détail des arguments sur le fond et la décision de la cour ».

Si les magistrats suivaient le rapporteur public, cela signifierait sans aucun doute un nouveau report de ce projet d’aéroport, vieux de plus d’une cinquantaine d’années. Et un coup dur pour le gouvernement et le chef de l’Etat. En décidant la tenue d’une consultation locale pour valider le transfert de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique vers le bourg de Notre-Dame-des-Landes, dans le bocage nantais, François Hollande espérait relégitimer un projet encalminé dans les terres humides nantaises. La victoire du « oui » au transfert, avec 55,17 % des voix, le 26 juin, lui laissait espérer une piste ouverte pour le futur aéroport.

De leur côté, les opposants ont rejeté ce résultat, critiquant l’aire de consultation – le département de la Loire-Atlantique – autant que la question, qui ne laissait pas envisager d’autre alternative. Le 8 octobre, plusieurs dizaines de milliers d’opposants se sont rassemblés sur la ZAD, la « zone à défendre », occupée par quelque deux cents zadistes et agriculteurs, s’engageant à s’opposer par tous les moyens aux futurs travaux.

L’affrontement promis avec les gendarmes pourrait être différé, voire annulé. « Si les conclusions du rapporteur sont suivies, on voit mal comment le gouvernement pourrait démarrer les travaux, confie Françoise Verchère, du collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CéDpa). En attendant, nous nous rendrons à l’audience de lundi beaucoup plus sereinement : cela fait longtemps que l’on dit qu’il y a un vrai problème avec les arrêtés loi sur l’eau et espèces protégées. »