Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. | Mel Evans / AP

Même si Donald Trump gagne l’élection présidentielle américaine du 8 novembre, Chris Christie, directeur de l’équipe de transition du candidat républicain pour l’accession à la Maison Blanche, a vu, vendredi 4 novembre, ses chances de jouer un rôle important à ses côtés diminuer considérablement.

Le gouverneur du New Jersey, qui fut lui-même un temps prétendant à l’investiture républicaine avant de se rallier au magnat de l’immobilier, est en effet éclaboussé par le scandale du Washington Bridge. Cette affaire s’est soldée vendredi par la condamnation de deux de ses proches collaborateurs. Dans la foulée, John Podesta, le directeur de campagne de Hillary Clinton, l’adversaire de M. Trump dans la course à la présidence, a invité ce dernier à se séparer de M. Christie.

Une affaire qui remonte à 2013

L’affaire remonte à l’été 2013, lorsque des membres de l’entourage de Chris Christie décidèrent de fermer deux des trois voies d’accès à ce pont, l’un des plus fréquentés du monde, créant de gigantesques embouteillages pendant plusieurs jours. A l’origine de cette décision, une manœuvre bassement politicienne qui visait à punir le maire de Fort Lee, une commune qui se trouve à l’entrée du Washington Bridge.

Le premier élu de la ville, Mark Sokolich, un démocrate, avait en effet refusé de soutenir le gouverneur lors de sa campagne en vue de sa réélection en 2014. Faute d’avoir pu rallier le réfractaire, des membres du cabinet de M. Christie décidèrent de discréditer le maire aux yeux de ses concitoyens en fermant artificiellement l’accès au pont. Le maire, assailli d’appels et de courriels de mécontentement, avait tenté de se retourner vers l’autorité portuaire de New York et du New Jersey, qui gère le pont. Mais ses responsables étaient restés sourds à ses requêtes pendant quatre jours avant que les voies fermées finissent par rouvrir, comme par enchantement.

La directrice adjointe de cabinet du gouverneur, Bridget Anne Kelly, et Bill Baroni, un proche de M. Christie travaillant pour l’autorité portuaire, ont été convaincus par un jury de violation des droits civiques, collusion et escroquerie. Bien que le gouverneur n’ait pas été traduit devant le tribunal, plusieurs témoins, ainsi que Mme Kelly, ont affirmé pendant le procès qu’il était au courant du stratagème avant qu’il ne soit mis en place.

Le gouverneur nie être impliqué

Malgré tout, vendredi, peu après l’énoncé du verdict, M.Christie a nié être impliqué dans cette affaire.

« Laissez-moi être clair une nouvelle fois. Je n’avais aucune connaissance des modifications des files de circulation, avant et pendant, et je n’ai joué aucun rôle dans leur autorisation. Aucune preuve tangible n’a été produite pour contredire ce fait. »

Les faits reprochés aux accusés sont passibles d’une peine de vingt années de prison, mais le procureur du New Jersey, Paul Fishman, a laissé entendre que la sentence, qui sera prononcée le 21 février 2017, ne dépasserait pas trois ans. M. Fishman, qui a succédé à ce poste à M. Christie, a déclaré à la sortie du tribunal que le verdict n’avait suscité chez lui « aucun plaisir », estimant au contraire qu’il était « triste » de voir des fonctionnaires user de leur pouvoir pour parvenir à leurs fins politiques ou personnelles.

L’enquête était partie d’un courriel envoyé par Mme Kelly à David Wildstein, l’un des proches de M. Christie au sein de l’autorité portuaire, un message laconique mais suffisamment explicite : « Il est temps de créer des problèmes de circulation à Fort Lee. » A partir de là, M. Wildstein a plaidé coupable et a accepté de coopérer avec la justice. Celui-ci a notamment affirmé qu’il avait informé M. Christie de la fermeture de la circulation du Washington Bridge lors d’une cérémonie de commémoration des attaques du 11 septembre 2001. Quant à Mme Kelly, elle a assuré qu’elle avait obtenu l’approbation du gouverneur avant d’envoyer le fameux courriel. Avant les six semaines qu’a duré le procès, le procureur avait tenu à cadrer strictement les débats. A sa demande, le juge avait demandé au jury de ne pas se prononcer sur la question de savoir pourquoi d’autres accusés potentiels n’étaient pas appelés à la barre.