Manifestation contre l’arrestation des députés du HDP, à Istanbul. | YASIN AKGUL / AFP

C’est une réponse à la purge menée par le président Recep Tayyip Erdogan dans ses rangs. Après l’arrestation, vendredi, de neuf de ses députés, dont ses deux co-présidents, le principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), a annoncé dimanche 6 novembre qu’il cessait toute activité au Parlement. Ankara a de son côté convoqué les ambassadeurs européens après les critiques européennes sur ces arrestations.

Cette décision du HDP, troisième parti du pays avec 59 députés, signifie que ceux-ci ne participeront plus ni aux séances du Parlement, ni au travail des commissions, a précisé le HDP dans un communiqué :

« Notre groupe parlementaire et les dirigeants de notre parti ont pris la décision de cesser tout travail dans les organes législatifs après cette attaque totale »

Rencontrer les électeurs

Les députés qui n’ont pas été arrêtés se consacreront à rencontrer leurs électeurs, allant « de maison en maison, de village en village et de district en district », à la suite de quoi ils feront des propositions sur la façon dont le HDP peut continuer ses activités.

Les neuf députés, dont les deux coprésidents du HDP, Selahattin Demirtas et Mme Figen Yüksekdag, ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi puis placés officiellement vendredi en détention préventive en attendant leur procès. Ils sont accusés par le pouvoir d’appartenir, ou d’être liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le HDP a toujours nié farouchement être une vitrine politique pour le PKK, qui mène depuis trois décennies une lutte armée pour demander plus de droits et d’autonomie pour les Kurdes.

Placé en détention préventive, le coprésident du HDP, Selahattin Demirtas, apparaît comme un contre-pouvoir au président Erdogan. | ADEM ALTAN / AFP

Inquiétude des pays occidentaux

Ce vaste coup de filet à l’encontre du principal parti kurde survient après des semaines d’arrestations et de fermetures d’institutions dans les milieux kurdes et prokurdes, à la suite du coup d’Etat avorté de l’été.

Les pays occidentaux ont vivement réagi à ce nouveau tour de vis et dit leur inquiétude face à une évolution qui « fragilise la démocratie en Turquie », selon un communiqué de l’UE.

En retour, dimanche, le ministère des affaires étrangères a annoncé que le chef de la diplomatie turque, Omer Celik, avait convoqué l’ensemble des ambassadeurs des pays de l’UE à une réunion lundi matin pour leur faire part « des derniers développements dans notre pays ».