Bonbonnes de gaz à Paris : le point sur l'enquête
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Des connexions ont été établies entre le « commando » de femmes qui s’apprêtaient, selon les autorités, à commettre un attentat et les précédentes attaques djihadistes à Magnanville, en juin, et à Saint-Etienne-du-Rouvray, en juillet, a déclaré vendredi le procureur de Paris.

Sarah H., 23 ans, interpellée jeudi soir à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) et « connue des services spécialisés comme étant particulièrement liée à la mouvance jihadiste », était l’« ancienne promise de Larossi Abballa, auteur de l’attentat de Magnanville, et d’Adel Kermiche, auteur de l’attentat de Saint-Etienne du Rouvray », a expliqué François Molins.

Mohamed Lamine A., 22 ans, interpellé jeudi soir aux Mureaux (Yvelines), « connu des services comme un individu particulièrement radicalisé », est le « frère d’un mis en examen écroué » dans le dossier de Magnanville.

Un projet « inédit » mené par des femmes

S’exprimant dans le cadre de l’enquête sur la voiture contenant des bonbonnes de gaz retrouvée le week-end dernier en plein Paris, le procureur de la République de Paris, François Molins a précisé que le commando de femmes a été « téléguidé » par des djihadistes du groupe Etat islamique en Syrie.

Le procureur de Paris a souligné au passage le caractère inédit de ce projet mené par des femmes. Selon lui, ce projet d’attentat d’un nouveau genre « démontre que cette organisation entend faire des femmes des combattantes » :

« Un commando terroriste composé de jeunes femmes totalement réceptives à l’idéologie mortifère de Daech a été démantelé. L’organisation terroriste utilise non seulement des hommes mais des femmes, de jeunes femmes, qui font connaissance et nouent leur projet de manière virtuelle. »

Un projet d’attentat sans équivoque

Le procureur de la République est également revenu sur le projet d’attentat sans équivoque du commando. « Le dessein de ce commando était clairement de commettre un attentat », malgré l’absence de dispositif de mise à feu sur les bonbonnes de gaz.

Outre les cinq bonbonnes de gaz dans le coffre de la voiture abandonnée, une cigarette « à peine consumée » a été retrouvée à proximité d’une couverture avec des traces d’hydrocarbure, a en effet dit le procureur. Or, l’incendie du véhicule aurait entraîné en quelques minutes l’explosion d’au moins une bouteille de gaz, ce qui aurait suffi à détruire le véhicule.

Venger la mort d’Adnani

Concernant l’avancée des investigations, le procureur a précisé que deux enquêtes avaient été ouvertes : une sur la voiture abandonnée et une concernant le projet d’attentat du commando. Certains protagonistes sont concernés par ces deux procédures. Le soir même, quelques heures après la découverte de la voiture, son propriétaire, père de cinq filles vivant dans la Seine-Saint-Denis, lui-même connu pour des faits anciens de prosélytisme, signale la disparition de l’une d’elle, Ines, connue des services de renseignement depuis 2015 pour ses velléités de départ en Syrie.

Alertés par la disparition d’Ines, les enquêteurs engagent un important travail d’enquête et d’exploitations techniques pour la retrouver. La DGSI s’aperçoit que le téléphone d’une autre jeune femme, également dans les radars des services, borne en région parisienne. En remontant les fils de ce commando de femmes, les enquêteurs identifient un appartement, à Boussy-Saint-Antoine (Essonne), susceptible de servir de planque à Ines et à ses deux complices (Sarah, 23 ans et Amel, 39 ans).

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Jeudi, des enquêteurs en planque dans une voiture attendent devant l’immeuble en vue de lancer une perquisition. Les trois jeunes femmes descendent et se dirigent vers le véhicule d’Amel, l’une des suspectes, âgée de 39 ans. Ines aperçoit alors le véhicule banalisé des policiers et se précipite pour attaquer au couteau un fonctionnaire par la fenêtre, avant d’être blessée à son tour. Une autre membre du commando se rue vers un policier arrivant vers elle. Elle le blesse légèrement avant d’être stoppée par un tir dans la jambe.

Trois couteaux et un testament rédigé par une des trois suspectes ont été découverts lors de la perquisition, assorti d’une allégeance à l’organisation Etat islamique. « Répondant à l’appel d’Adnani je vous attaque sur vos terres », avait écrit l’une des suspectes. Des éléments d’enquête qui confirment que les jeunes femmes s’étaient donné pour mission de venger la mort récente d’Abou Mohammed Al-Adnani, porte-parole de l’organisation, tué par une frappe aérienne ciblée, dont les Etats-Unis et la Russie se disputent la paternité.

Deux suspectes toujours en garde à vue

Au total, huit individus ont été interpellés depuis ce week-end, en plus des trois suspectes du commando, deux suspectes étaient toujours en garde à vue vendredi soir. L’une d’elle, Ornella G., arrêtée avec son compagnon mardi sur une aire d’autoroute du sud de la France, doit « être déférée » samedi « en milieu de journée en vue de l’ouverture d’une information judiciaire et donc de sa présentation devant un magistrat instructeur antiterroriste », a expliqué le procureur de la République de Paris. L’autre, une adolescente de 15 ans, fille d’une des trois femmes appartenant au commando a été interpellée vendredi matin, a annoncé François Molins.

« Vendredi matin, à Clichy-sous-Bois, la fille aînée d’Amel S., susceptible, elle aussi, d’être impliquée dans le projet terroriste, a été interpellée à son tour », a déclaré François Molins lors d’une conférence de presse.

Le couple arrêté dans la soirée de mercredi près de Montargis, dans le Loiret a toutefois été relâché vendredi, a dit à l’AFP une source judiciaire.

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