C’est l’histoire d’une reconversion professionnelle réussie. Le promoteur immobilier le plus tonitruant d’Amérique, star de téléréalité dans les années 2000, occupera à l’âge de 70 ans la fonction de président des Etats-Unis, après avoir été élu, mardi 8 novembre, face à la démocrate Hillary Clinton. Un destin que personne ne lui aurait prédit avant la campagne électorale.

Donald Trump a pourtant réalisé l’impensable, après avoir donné son nom à des hôtels, des steaks, des parcours de golf et même des cravates.

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Donald Trump en 60 secondes
Durée : 01:26

Démocrate, animateur de téléréalité puis républicain

La politique, il y est tombé il y a presque trente ans, en 1987. Enregistré sur les listes électorales comme démocrate, il commence à rêver de la Maison Blanche et donne des discours en débarquant d’un hélicoptère. S’il doit faire de la politique, il la fera à sa sauce.

Après avoir rencontré de sérieuses difficultés dans ses activités immobilières, Donald Trump fait une nouvelle incursion en politique en 2000, toujours pour l’élection présidentielle. Il représente, cette fois, le petit Parti de la réforme et affiche des positions de plus en plus conservatrices.

En parallèle avec son activité politique, le magnat de l’immobilier devient star de téléréalité en animant l’émission « The Apprentice ». Il fait passer des entretiens d’embauche à des candidats (et les humilie au passage avant de lancer « Vous êtes viré ! », sa phrase fétiche).

Le premier volet de notre enquête sur « L’entreprise Trump »  : Un mirage américain

Homme politique atypique

En 2009, cette fois solidement attaché au Parti républicain, il lance l’offensive contre Barack Obama, qu’il accuse de mentir sur son lieu de naissance (la Constitution américaine prévoit que le président doit absolument être né sur le sol américain). Donald Trump exige de voir son certificat de naissance. Son assertion est fausse, mais il continuera à animer cette controverse pendant des années.

Déjà, Donald Trump est un homme politique atypique. Il relaie des thèses complotistes, propose des mesures radicales sur l’immigration ou la fiscalité qui n’ont rien à voir avec la doctrine républicaine… Avec son slogan « America First ! » (« L’Amérique d’abord »), il se prononce même contre le libéralisme économique, qui est un pilier du parti conservateur.

Deuxième volet de l’enquête sur « L’entreprise Trump » : Postures et impostures

« On vous ment »

Quelques années plus tard, c’est avec le slogan « Make America great again » que Donald Trump déjoue les pronostics, une première fois, en étant désigné candidat républicain à l’issue des primaires à l’été 2016, puis une seconde fois, en étant élu, mardi 8 novembre, 45e président des Etats-Unis face à la démocrate Hillary Clinton.

Plusieurs éléments expliquent son destin présidentiel. Mais surtout, Donald Trump est taillé pour le sport de combat qu’est devenue la politique. Peu importe les faits, les chiffres, le vase clos des réseaux sociaux démultiplie la parole de l’homme d’affaires, jamais avare de majuscules et de surenchère lorsqu’il s’exprime sur son compte Twitter, jamais économe d’un sondage flatteur, même lorsque sa qualité scientifique s’avère douteuse. « On vous ment, et je suis votre porte-voix », voilà son mot d’ordre.

Il s’est présenté en homme providentiel, sachant utiliser la peur entre les communautés et la nostalgie de ceux qui pensent que la vie était meilleure il y a cinquante ans. C’est-à-dire une Amérique masculine et blanche, celle qui dominait le pays avant la lutte pour les droits civiques.

« L’entreprise Trump » (3/3) : Le décliniste en chef