A New York, le 9 novembre. | MARK KAUZLARICH / REUTERS

Il y a huit ans, en 2008, la victoire de ­Barack Obama avait apporté la dernière touche à une reconquête totale de Washington par le Parti démocrate. Ce dernier avait tout d’abord pris le contrôle du Congrès, deux ans auparavant, avant de faire son retour à la Maison Blanche. Cette domination avait cependant été éphémère, puisque M. Obama avait perdu le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2010, avant de voir le Sénat lui échapper à son tour quatre ans plus tard. Comme l’ancien sénateur de l’Illinois, Donald Trump a parachevé mardi la mainmise du Grand Old Party sur les institutions de Washington.

Le Parti démocrate espérait profiter d’un renouvellement favorable au Sénat pour reprendre le contrôle de la Chambre haute du pouvoir législatif américain. Il ne lui fallait que quatre sièges pour triompher dans l’hypothèse d’une victoire à la Maison Blanche (le vice-président est également président du Sénat), mais la nuit a été aussi catastrophique aux sénatoriales qu’à la présidentielle. Après une première victoire encourageante dans l’Illinois, les démocrates ont rapidement compris que la vague dont bénéficiait M. Trump allait leur enlever toute chance dans les Etats-clés de Caroline du Nord, en Pennsylvanie et dans le New Hampshire.

Pari gagnant à la Cour suprême

Dans chacun de ces Etats, les sortants républicains, pourtant considérés comme particulièrement exposés, ont été réélus ou disposaient d’une avance encourageante dans la nuit de mardi à mercredi. L’avance considérable dont disposent les républicains à la Chambre des représentants a de même été tout juste écornée. Le Grand Old Party pourrait ne perdre au final que cinq sièges selon le site RealClearPolitics. Dans le même temps, les républicains ont conquis de nouveaux sièges de gouverneurs. Ils sont en passe d’en contrôler désormais 33 sur 50, toujours selon RealClearPolitics.

Cette domination historique risque de produire ses effets à l’avenir sur le pouvoir judiciaire par le jeu des nominations auxquelles procédera M. Trump, et que le Sénat républicain validera. Cela vaut en premier lieu pour les postes hautement stratégiques de juges à la Cour suprême. Les républicains peuvent se féliciter du pari qui a consisté à bloquer la nomination par M. Obama d’un juge modéré pour remplacer le très conservateur Antonin Scalia, mort en février. C’est à M. Trump que reviendra ce choix. Le Grand Old Party va pouvoir non seulement maintenir une majorité conservatrice à la Cour suprême, mais vraisemblablement l’élargir.

L’ancrage conservateur réaffirmé de la Cour suprême pourrait avoir des conséquences considérables. M. Trump a laissé entendre qu’il serait favorable à un retour sur l’arrêt qui garantit le droit à l’avortement, un combat de longue date de la droite conservatrice, à commencer par le colistier de M. Trump, le gouverneur de l’Indiana Mike Pence. Renforcée par ses victoires, cette même droite religieuse pourrait être tentée de rouvrir la bataille sur la question du mariage homosexuel, légalisé en 2015 par la Cour.