Le Parlement grec, à Athènes, le jour de l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, le 4 novembre. | ALKIS KONSTANTINIDIS / REUTERS

Doit mieux faire. C’est le jugement porté sur la politique climatique de l’Union européenne (UE), par une étude présentée mardi 8 novembre à Bruxelles. L’enquête a été pilotée par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), en collaboration avec sept autres instituts de recherche européens. Malgré les efforts accomplis, conclut-elle, « l’UE n’est actuellement pas sur les rails pour atteindre ses objectifs » à l’horizon 2030 et 2050.

Le « paquet climat-énergie » adopté en 2014 par les Européens prévoit une baisse globale de leurs émissions de gaz à effet de serre « d’au moins 40 % » en 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). A plus long terme, celui du milieu du siècle, le Conseil européen a défini en 2009 un objectif communautaire de réduction des émissions compris entre 80 % et 95 %. La France, pour sa part, s’est engagée, dès 2005, à les diviser par quatre (ce qu’on appelle le « facteur quatre ») à la même échéance.

Or, après avoir analysé les transformations énergétiques opérées au sein de l’UE, secteur par secteur et pays par pays, les chercheurs estiment que les Vingt-Huit sont en retard sur leur feuille de route.

Progrès dans le secteur de l’électricité

Certes, notent-ils, « l’UE a fait des progrès importants en ce qui concerne la décarbonation structurelle de son système énergétique ». C’est particulièrement vrai pour le secteur de l’électricité, dont l’intensité carbone, c’est-à-dire le rapport entre émissions de CO2 et production électrique, a reculé de 20,9 % entre 2000 et 2014, soit 1,7 % en moyenne annuelle.

Emissions de CO2 issues de la production d'électricité et de chaleur dans l'UE | Iddri

Pour autant, le rythme de cette baisse reste insuffisant, estiment les experts. Pour atteindre les objectifs que se sont fixés les Ving-Huit, l’intensité carbone du secteur électrique devrait être réduite de 3 % par an sur la décennie 2010-2020, puis 5 % par an durant la décennie 2020-2030. Soit deux à trois fois plus qu’au cours de la dernière période.

Dans les autres secteurs économiques, l’Europe est encore plus clairement à la traîne. C’est le cas dans le domaine de la construction, de l’industrie ou des transports. En particulier, l’intensité énergétique du transport de voyageurs (rapport entre l’énergie consommée et le nombre de passagers-kilomètre) n’a décliné que de 0,7 % par an sur la période 2000-2013, alors qu’elle devrait diminuer de plus 2 % par an pour garder le cap.

Accélérer la décarbonation de l’économie

En outre, observent les auteurs, « une grande partie de la réduction des émissions totales résulte d’effets conjoncturels plus que d’une décarbonation structurelle ». En clair, davantage qu’à des politiques vertueuses, elle est due pour beaucoup à la crise financière des années 2007 et 2008 et au ralentissement de l’activité économique que celle-ci a provoqué. Ce dont témoigne, par exemple, la chute marquée des émissions générées par le secteur électrique après 2007.

« L’Europe a fait des progrès considérables, mais de nouvelles politiques sectorielles sont nécessaires pour lui permettre d’atteindre ses objectifs à long terme », souligne Teresa Ribera, directrice de l’Iddri. Autrement dit, il lui faut accélérer la « décarbonation » de son économie, si elle veut tenir sa place dans la lutte mondiale contre le réchauffement.