Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange vit reclus dans l’ambassade équatorienne à Londres depuis quatre ans. | Peter Nicholls / Reuters / REUTERS

« Merci Julian. On n’y serait pas arrivés sans toi. » Ce militant pro-Trump est l’un des nombreux internautes à avoir exprimé sa gratitude, après l’élection du candidat américain à la Maison Blanche, envers Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. Le mot-clé #ThankYouJulian était ainsi largement partagé sur Twitter mercredi 9 novembre, souvent accompagné du hashtag #FreeJulian, appelant à la « libération » de l’Australien, qui vit reclus dans l’ambassade équatorienne à Londres depuis quatre ans.

« J’aimerais prendre un moment pour remercier WikiLeaks qui a montré aux Américains à quel point les Clinton sont corrompus et ne méritent pas notre confiance », peut-on lire sur le réseau social. D’autres le qualifient de « héros », qui a permis de « sauver » l’Amérique. Certains messages lui promettent même qu’il « rentrera à la maison dès que Trump sera investi ».

A l’inverse, certains internautes, bien moins nombreux, ont fait part de leur amertume envers l’organisation et son fondateur. « Au fait, WikiLeaks, tu es mort à mes yeux », peut-on lire ici. « Vous devriez avoir honte » de « faire de la pub à un raciste », lit-on là.

Acharnement

Ce qui vaut tant de louanges de la part des pro-Trump à Julian Assange, et tant de ressentiment de la part de pro-Clinton, est l’acharnement dont il a fait preuve, ces derniers mois, à l’encontre de la candidate républicaine. WikiLeaks a ainsi publié sur son site des milliers d’e-mails de John Podesta, son directeur de campagne, mais aussi des couriels internes du Parti démocrate. Des publications en série, savamment étalées, qui ont souvent mis la candidate dans l’embarras.

Mais WikiLeaks ne s’est pas limité aux révélations de documents dont il est coutumier. Le site a aussi régulièrement relayé des messages anti-Clinton, en appuyant le discours de Donald Trump sur les « médias corrompus » et en cherchant sans relâche les erreurs et les mensonges dans les propos des soutiens de la candidate.

Initialement favorable à Bernie Sanders, candidat malheureux à la nomination du Parti démocrate, Julian Assange n’a pas digéré la nomination d’Hillary Clinton. Et pour cause : c’est elle qui dirigeait la diplomatie américaine quand WikiLeaks a publié, avec plusieurs médias dont Le Monde, ses révélations sur les télégrammes diplomatiques américains. Depuis, il ne cache pas son hostilité à son égard.

Pas de « désir personnel d’influencer l’élection »

Le jour de l’élection, bien avant les résultats, Julian Assange a publié un communiqué pour expliquer la démarche de WikiLeaks tout au long de cette campagne, assurant qu’elle n’était « pas liée à un désir personnel d’influencer le résultat de l’élection ».

« Personne ne remet en question l’intérêt public de ces publications. Il serait impensable, pour WikiLeaks, de retenir une telle archive loin du public durant une élection. En même temps, nous ne pouvons pas publier ce que nous n’avons pas. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas reçu d’informations sur la campagne de Donald Trump. (…) Publier, c’est ce que nous faisons. Retenir la publication de telles informations jusqu’à la fin de l’élection aurait été une manière de placer l’intérêt d’un candidat avant celui du public. »

Ce qui n’a pas empêché Julian Assange d’enfoncer le clou contre Hillary Clinton, dénonçant dans les premières lignes de son texte, à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote, les « énormes pressions » subies par WikiLeaks « venues des alliés de la campagne, y compris de l’administration Obama ».

A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’organisation et son fondateur se sont abstenus de tout commentaire sur le résultat de l’élection… Mais WikiLeaks a publié mercredi, vers 18 heures, une nouvelle série d’e-mails de John Podesta – la 36e en date. Comme si de rien n’était.

Deux heures plus tard, l’organisation a tout de même décidé de profiter de cette ovation post-électorale pour faire passer, peu subtilement, un message : elle a republié quelques anciens tweets rappelant qu’en février un groupe de travail de l’ONU avait estimé que Julian Assange était « détenu arbitrairement » et qu’il devait retrouver sa liberté de mouvement.