Au cours des heures qui ont suivi l’annonce de la victoire de Donald Trump, le nombre des recherches effectuées par les Américains pour des emplois au Canada a été multiplié par dix par rapport aux nuits précédentes, a observé Indeed, le moteur de recherche d’emploi.

Evolution des recherches d’emplois disponibles au Canada par les Américains.

« Pour de nombreux Américains, le résultat des élections a été un tel choc que leur principale réaction a été de chercher une échappatoire », explique Jed Kolko, économiste chez Indeed. Il est bien sûr trop tôt pour savoir combien d’entre eux vont réellement sauter le pas une fois le choc passé. Ce pic de recherches est cependant révélateur de la surprise qu’a représentée la victoire de Trump pour un nombre significatif d’Américains qui commencent déjà à jauger si l’herbe peut être plus verte ailleurs.

De la même façon, les consultations du site Internet du ministère canadien de l’Immigration et le nombre de recherches sur google  « how to move to Canada » ont explosé durant les heures précédant l’annonce définitive de la victoire de Donald Trump.

Le compte officiel du Canada a opportunément posté le 9 novembre à 21 heures (heure locale, 3 heures à Paris) un tweet constituant une antithèse du message anti-immigration de Donald Trump :   « Au Canada, les immigrés sont encouragés à apporter leurs traditions avec eux et à les partager avec les citoyens. ». Il a été massivement relayé.

A noter que jusqu’à présent, l’émigration américaine vers le Canada reste très modeste. En 2013 et 2014, selon les statistiques du gouvernement canadien, seuls 8 500 Américains étaient devenus annuellement résidents permanents au Canada, très loin derrière des Philippins, des Indiens ou des Chinois.

Par ailleurs, depuis plusieurs mois, de nombreux Américains, anonymes ou stars, parmi lesquelles Cher, Barbra Streisand, Whoopi Goldberg, Samuel L. Jackson ou encore Stephen King, avaient exprimé dans les médias ou sur les réseaux sociaux leur intention de quitter les Etats-Unis en cas de victoire du milliardaire. Difficile de dire s’ils franchiront réellement le pas.

Quid de l’attractivité auprès des étudiants?

On sait, en revanche, que la politique d’immigration restrictive mise en place par l’administration Bush après le 11 septembre 2001 avait créé temporairement une fuite des cerveaux à l’envers (reverse brain drain) et une baisse des étudiants étrangers. Des ingénieurs indiens ou chinois avaient ainsi pris la décision de retourner dans leur pays ou ailleurs.

Doit-on craindre que l’arrivée de Donald Trump au pouvoir provoque une nouvelle vague de départs ou une baisse de l’attractivité des Etats-Unis auprès des étudiants étrangers, des chercheurs ou des cadres hautement qualifiés? A l’heure actuelle, les Etats-Unis sont le premier pays d’accueil des étudiants étrangers (740 000 sur les 4,1 millions d’étudiants internationaux) et restent l’une des destinations les plus prisées par les chercheurs du monde entier.