Le dessin de Plantu, dans Le Monde, à la suite de l’élection de Donald Trump, le 9 novembre 2016.

Railleries, surprise, voire stupeur, et interrogations sur l’avenir ont teinté les dessins de la presse internationale à la suite de l’élection de Donald Trump, dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 novembre.

Stupéfiés par la nouvelle – alors que Hillary Clinton était donnée grande gagnante par les observateurs et les prévisionnistes – certains caricaturistes ont choisi de traduire cette onde de choc. D’autres ont à peine eu à exagérer le trait pour souligner le caractère tonitruant et imprévisible de Donald Trump.

L’effet de surprise

A l’annonce du vainqueur, les premiers dessins mettaient en lumière la surprise, pour ne pas dire la stupéfaction, suscitée par l’élection du candidat républicain.

Le caricaturiste David Rowe, également éditorialiste à l’Australian Financial Review, souligne que Donald Trump a pris le dessus sur Hillary Clinton de manière violente. Dans un dessin faisant référence à une scène d’anthologie du film Shining, le candidat républicain remplace Jack Nicholson et s’immisce à coups de hache, sous le regard affolé de Hillary Clinton, dans leur « maison » – référence sans équivoque à la Maison Blanche. « Chérie, je suis à la maison », prévient Donald Trump, sourire sardonique aux lèvres.

Le dessinateur Chappatte joue lui aussi sur l’effet de surprise provoqué par l’élection de l’ancienne star de télé-réalité. Grimé en clown, Donald Trump prend l’apparence d’un diable à ressort – « jack in the box » en anglais – un jouet populaire aux Etats-Unis.

Pour souligner le résultat inattendu du candidat républicain, le dessinateur palestinien Mahmoud Salameh représente Donald Trump et Hillary Clinton dans la dernière ligne droite d’une course à pied. Hillary Clinton se situe devant son concurrent, mais le candidat républicain est toute de même en passe de gagner, grâce à sa longue langue de serpent qui touche la ligne d’arrivée.

Le caricaturiste algérien Ali Dilem met en lumière le nouveau visage de l’Amérique, voire du monde, « sous houppette » de Donald Trump.

Reprenant lui aussi cette idée de monde en état de stupéfaction, Sipress, un dessinateur du New Yorker, représente la planète Terre s’exclamant : « Bordel de Dieu ! » (« Oh my fucking God! », en anglais.)

A cartoon by David Sipress. #TNYcartoons

Une photo publiée par The New Yorker Cartoons (@newyorkercartoons) le

Un vote inattendu

D’autres reviennent sur le vote des électeurs et sa dimension inattendue. Le dessinateur Lectrr souligne le contraste entre l’élection de Barack Obama et celle de Donald Trump, en établissant toutefois un point commun entre les deux : « N’importe qui peut devenir président. »

Le dessinateur français Xavier Gorce ironise sur le vote des Américains en détournant le discours ambiant post-élection portant sur l’erreur d’appréciation des instituts de sondage, des médias, et des observateurs.

Paul Noth, dessinateur pour le New Yorker, pose un regard acerbe sur les électeurs américains. D’un côté, une affiche représentant un loup qui prévient : « Je vais vous manger. » De l’autre, des moutons, impassibles face à cette menace. Et en légende du dessin : « Il l’a dit comme tel. »

Statue de la Liberté en déroute

A cartoon by Paul Noth. #TNYcartoons

Une photo publiée par The New Yorker Cartoons (@newyorkercartoons) le

L’image de la statue de la Liberté en déroute à l’annonce de l’élection de Donald Trump a souvent été choisie par les dessinateurs. Michael Adder représente par exemple le candidat républicain, connu pour ses propos sexistes et misogynes, agrippé à la statue de la Liberté, lui imposant un baiser, et commentant : « Je savais que tu voulais de moi. »

Sur le même ton, Kal, dessinateur pour The Economist, caricature Donald Trump réclamant un baiser à la statue de la Liberté : « Allez, bébé, viens faire un bisou à ton nouveau patron. — Ça va être quatre années très longues pour nous tous. »

Le caricaturiste Ygreck imagine, lui, la statue de la Liberté demandant asile au Canada.

Pour souligner le réveil difficile pour des millions d’Américains, David Rowe représente la statue de la Liberté, allongée dans le lit conjugal, les yeux écarquillés d’effroi, au côté d’un Donald Trump, arborant une chaîne en or vulgaire, rappelant la fortune colossale du milliardaire.

Quelles répercussions ?

Pour mettre en exergue la personnalité imprévisible de Donald Trump, connu pour ses sorties tonitruantes, notamment sur les réseaux sociaux, Chappatte le montre installé à la Maison Blanche, apathique, face à deux boutons : l’un déclenchant l’arme nucléaire, l’autre la publication d’un tweet. Une façon de souligner que le président élu n’a pas le discernement nécessaire pour gouverner.

Julien Solé imagine les migrants de demain : un jeune Californien déçu par l’élection de Donald Trump, au milieu d’Irakiens et de Syriens.

Plantu, dessinateur au Monde, transpose la situation américaine à celle qui pourrait se dérouler en France en avril 2017 : l’élection de Marine Le Pen.