Olivier Bertrand, journaliste et cofondateur du pure-player Les Jours, a été arrêté et placé en garde à vue vendredi 11 novembre soir par les autorités turques. Cet ancien de Libération a été « interpellé sans motif » alors qu’il effectuait un reportage dans la province de Gaziantep (sud-est de la Turquie), son terrain de prédilection, a déclaré à l’AFP Isabelle Roberts, présidente du média en ligne créé en 2015.

La rédaction était sans nouvelles du journaliste depuis 17 heures (18 heures à Paris). « Nous exigeons sa libération immédiate », a-t-elle poursuivi, « on est très inquiets, on attend de ses nouvelles ». Un photographe turc qui l’accompagnait a également été interpellé, puis relâché au bout de cinq heures de garde à vue.

L’ambassade de France à Ankara et le quai d’Orsay sont à l’œuvre auprès des autorités turques afin d’obtenir la libération du journaliste.

« Une intimidation », selon Christophe Deloire

L’interpellation d’Olivier Bertrand survient alors que les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines après l’arrestation de plusieurs journalistes et opposants politiques turcs.

Les conditions de travail se sont également dégradées au cours des derniers mois pour les journalistes étrangers en Turquie, selon nombre de reporters et d’associations de défense de la liberté de la presse.

« L’interpellation illégale de notre collègue français Olivier Bertrand […] est clairement une intimidation », a réagi sur Twitter le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire.

Les purges de Recepp Tayip Erdogan ont décimé les médias turcs

Olivier Bertrand pourrait être retenu plusieurs jours « en attendant que le gouverneur de Gaziantep statue sur sa situation », a rapporté à l’AFP le représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoglu. Ce dernier a précisé qu’il avait pu joindre par téléphone le journaliste en début de soirée. « Il était alors dans une voiture de police qui l’emmenait à l’hôpital pour passer un examen médical, comme c’est la pratique avant un placement en garde à vue », a-t-il détaillé.

Olivier Bertrand travaille depuis plus d’un an sur la Turquie. Il effectuait notamment des reportages consacrés à l’après coup d’état. Depuis la tentative du 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges qui ont notamment frappé les médias et les journalistes turcs de plein fouet.

Vendredi, le patron du quotidien d’opposition Cumhuriyet, Akin Atalay, a été placé en garde à vue, quelques jours après l’incarcération du rédacteur en chef et de plusieurs collaborateurs du journal.