Olivier Bertrand a été emmené dans un commissariat de Gaziantep le 11 novembre.

Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a « exigé » dimanche 13 novembre la libération du journaliste français Olivier Bertrand, retenu depuis vendredi par la police en Turquie.

« Ce qui se passe est profondément choquant, inadmissible. La France exige la libération de ce journaliste », a dit avec insistance M. Ayrault, invité du « Grand Rendez-vous » Europe 1, Les Echos, i-Télé. « Nous sommes en contact permanent avec lui par notre ambassade. Nous faisons tout pour obtenir sa libération », a-t-il ajouté.

Olivier Bertrand, journaliste et cofondateur du pure-player Les Jours, a été arrêté par les autorités turques et placé en garde à vue vendredi 11 novembre dans la soirée. Cet ancien de Libération a été « interpellé sans motif » alors qu’il effectuait un reportage dans la province de Gaziantep (sud-est de la Turquie), son terrain de prédilection, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Isabelle Roberts, présidente du média en ligne créé en 2015.

« On est très inquiets »

« Nous exigeons sa libération immédiate, a dit Isabelle Roberts. On est très inquiets, on attend de ses nouvelles. » Un photographe turc qui l’accompagnait a également été interpellé, puis relâché au bout de cinq heures de garde à vue.

L’ambassade de France à Ankara et le Quai d’Orsay ont dit être à l’œuvre auprès des autorités turques afin d’obtenir la remise en liberté du journaliste. Samedi, de nombreux journalistes et représentants de médias exprimaient leur soutien à Olivier Bertrand, et ont eux aussi demandé sa libération immédiate. Parmi eux, Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, au nom de notre rédaction :

Olivier Bertrand pourrait être retenu plusieurs jours, « en attendant que le gouverneur de Gaziantep statue sur sa situation », a rapporté à l’AFP Erol Onderoglu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie. Il a précisé qu’il a pu joindre le journaliste par téléphone vendredi soir : « Il était alors dans une voiture de police qui l’emmenait à l’hôpital pour passer un examen médical, comme c’est la pratique avant un placement en garde à vue. »

Ne pas rompre le dialogue

Les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines, après l’arrestation de plusieurs journalistes et opposants politiques turcs.

Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, les autorités turques ont lancé une purge qui a notamment frappé les médias et les journalistes turcs de plein fouet. Vendredi, Akin Atalay, président du directoire du quotidien d’opposition Cumhuriyet, a été placé en garde à vue, quelques jours après l’incarcération du rédacteur en chef et de plusieurs collaborateurs du journal.

« Il ne faut surtout pas arrêter de parler avec la Turquie, ce serait une profonde erreur », a déclaré M. Ayrault, qui dénonce cependant « les atteintes à la liberté de la presse et les arrestations arbitraires ».