Simone Gbagbo le 26 décembre 2014, lors du premier jour de son procès à Abidjan. | © Luc Gnago / Reuters / REUTERS

En Côte d’Ivoire, le procès de Simone Gbagbo, accusée de « crimes contre l’humanité », se poursuivra sans elle et avec des avocats commis d’office, a décidé, mercredi 16 novembre, le président de la cour d’assises d’Abidjan, le juge Boiqui Kouadjo.

Le juge Kouadjo a, en effet, estimé qu’on pouvait « passer outre » la présence de Mme Gbagbo pour poursuivre les débats après un nouveau refus de sa part de comparaître mercredi. Ses avocats étant également absents, le président de la cour d’assises a commis d’office d’autres avocats et renvoyé la prochaine audience au 28 novembre.

« Je ne veux pas vous recevoir, je ne veux pas savoir de quoi il s’agit », a dit l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo à l’huissier chargé de lui transmettre, mardi, sa convocation dans sa cellule, selon le document de celui-ci lu par le greffier du tribunal.

« On peut se passer de sa présence »

Depuis plusieurs séances, Mme Gbagbo refuse d’assister à son procès pour protester contre la non-comparution en tant que témoins de plusieurs personnalités ivoiriennes, dont l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, l’ancien premier ministre Jeannot Kouadio Ahoussou ou l’ex-ministre Charles Koffi Diby.

La loi ivoirienne permet au juge d’utiliser la force pour faire comparaître un accusé ou de s’en passer s’il estime que sa présence n’est pas nécessaire. Suivant les recommandations du procureur et des parties civiles, le juge a donc choisi de ne pas faire usage de la force.

« C’est elle qui a décidé de ne pas comparaître. On peut très bien se passer de sa présence. Elle s’est longuement exprimée, ses avocats aussi », a ainsi estimé le procureur Aly Yéo.

Plus de 3 000 morts

La cour d’assises d’Abidjan juge depuis le 31 mai l’ancienne première dame, âgé de 67 ans, pour « crimes contre l’humanité », « crimes contre les prisonniers de guerre » et « crimes contre les populations civiles », commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts en cinq mois.

Cette crise avait été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Mme Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de vingt ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », prononcée en 2015.

L’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, et son ancien ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé, sont aussi, depuis janvier, jugés par la Cour pénale internationale de La Haye pour « crimes contre l’humanité » commis entre décembre 2010 et avril 2011, lors des violences post-électorales. Là aussi, le procès s’annonce long et difficile. Au mois d’août, seuls treize témoins étaient venus déposer. A ce rythme, il fallait encore quatre ans au procureur pour présenter ses 138 témoins.