Emmanuel Macron à Paris, le 26 octobre. | Benoît Tessier / REUTERS

Emmanuel Macron, qui a annoncé mercredi 16 novembre sa candidature à l’élection présidentielle, a fait de la transgression une spécialité. Au cours de ses deux années passées au ministère de l’économie, il a multiplié les phrases chocs et les propositions à contre-courant de son camp. Il a ainsi dessiné peu à peu, si ce n’est un programme, au moins une vision de la société et des réformes à entreprendre.

  • Les « illettrées » de Gad

Le 17 septembre 2014, Emmanuel Macron, tout nouveau ministre de l’économie, répond à une interview sur Europe 1. Alors qu’il évoque l’abattoir breton Gad, il lance : « Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. » La déclaration choque. Le ministre présente le jour même, devant l’Assemblée nationale, ses « excuses les plus plates ».

  • « La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler »

Le 27 mai 2016, pris à partie par deux militants de la CGT à Lunel, dans l’Hérault, le ministre s’emporte : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler », dit-il. Dix jours plus tard, il essuie des jets d’œuf alors qu’il vient célébrer les 80 ans du Front populaire à Montreuil.

  • Les 35 heures et autres « fausses idées » de la gauche

La veille de son arrivée à Bercy, à la fin du mois d’août 2014, Emmanuel Macron, dans une interview accordée au Point, se disait favorable au fait d’autoriser « les entreprises et les branches à déroger » aux trente-cinq heures en cas d’accord avec les organisations syndicales. Le gouvernement dut rectifier ces propos.

Mais à l’université d’été du Medef, à la fin d’août 2015, le ministre lâche une phrase sur les « fausses idées » de la gauche, comme celle selon laquelle « la France pourrait aller mieux en travaillant moins ». Il se défend ensuite d’avoir visé les trente-cinq heures, mais le premier ministre, Manuel Valls, doit couper court à la polémique en assurant qu’il n’y aurait « pas de remise en cause du temps légal de travail ».

M. Macron récidive en janvier 2016, en déclarant que la loi travail, alors en cours de préparation, donnera la priorité aux entreprises pour fixer le taux de majoration des heures supplémentaires, quitte à ce que celui-ci soit inférieur au seuil minimal actuellement en vigueur. Il reconnaît que cette réforme signerait de facto la fin des trente-cinq heures.

  • La vie des entrepreneurs « plus dure que celle d’un salarié »

En janvier 2016 toujours, Emmanuel Macron déclare qu’un entrepreneur a souvent la vie « plus dure que celle d’un salarié », car « il peut tout perdre » et « a moins de garanties ». Cette sortie lui attire une avalanche de critiques, du Parti communiste, du Parti de gauche et de la gauche du PS.

  • Pour plus de « mérite dans la rémunération des fonctionnaires »

Le 10 novembre 2015, M. Macron se dit favorable à « accroître la part de mérite » dans la rémunération des fonctionnaires. « C’est une façon de moderniser la fonction publique», plaide-t-il.

  • Etre élu, « cursus d’un ancien temps »

En septembre 2015, Emmanuel Macron déclare qu’il ne veut « pas être député en 2017 », estimant qu’accéder aux plus hautes fonctions par l’élection est « un cursus honorum d’un ancien temps ».

«  Il ne faut pas considérer qu’on est plus grand démocrate parce qu’on va se faire élire député quand, au fond du fond, c’est pour pouvoir avoir le droit d’aller au micro de grandes émissions dominicales ou pour briguer d’autres ambitions. C’est ça qui fatigue le peuple, qui a la plupart du temps le sentiment qu’on vient prendre le ticket dans la file pour pouvoir accéder à d’autres fonctions. »

« L’expérience d’élu de terrain est irremplaçable », lui répond à distance Manuel Valls. « Macron… Comment vous dire ? Ras-le-bol ! Ras-le-bol, voilà ! », s’était écriée quelques jours plus tôt Martine Aubry.

Pour Macron, devenir député est un « cursus d’un ancien temps »
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  • Il ne s’agit pas « d’être l’ami ou l’ennemi » de la finance

En pleine polémique sur les salaires des dirigeants de Renault et de PSA, Emmanuel Macron contredit François Hollande et Manuel Valls sur la question de la rémunération des patrons, jugeant, le 19 mai 2016, que « la loi [n’est] pas la bonne méthode ». Il prend aussi ses distances avec le fameux discours du Bourget de François Hollande en janvier 2012, en déclarant qu’il ne s’agit pas « d’être l’ami ou l’ennemi » de la finance.

Pourquoi Emmanuel Macron fascine-t-il autant ?
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