Laurence Parisot est actionnaire majoritaire de l’institut de sondage IFOP. | ERIC PIERMONT / AFP

Une page se tourne pour Laurence Parisot et l’IFOP. L’ancienne présidente du Medef a annoncé, mardi 15 novembre sur Twitter, la cession de l’institut de sondage, dont elle était actionnaire avec sa famille depuis les années 1990, à Dentressangle Initiatives, le holding d’investissement de Robert Dentressangle également propriétaire d’un autre institut de sondage A+A. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué. L’opération doit encore être présentée aux représentants du personnel.

Ensemble, les deux instituts, qui avaient une taille à peu près équivalente, vont réaliser 60 millions d’euros de chiffres d’affaires, employer 300 personnes, et compléter leurs activités. A+A est spécialisé dans les études médicales, le data mining, et dispose d’une présence en Europe et aux Etats-Unis. L’IFOP, connu pour ses sondages politiques, gagne surtout sa vie grâce à ses clients entreprises. Il est implanté en Europe et en Asie. Les deux entités conserveront leur indépendance et leur management.

« Pendant plus d’un quart de siècle, j’ai dirigé et accompagné l’IFOP dans son développement, notamment en Chine. Je souhaite que l’entreprise soit désormais adossée à des entrepreneurs de premier plan et en capacité d’investir », a indiqué Laurence Parisot dans un communiqué. « Cette opération permettrait aux deux sociétés d’atteindre une taille critique permettant de relever les défis de l’expansion internationale et de la recherche et développement [R&D] dans le big data », complète, pour sa part, Pierre Pigeon, président de A+A.

La passion de la politique

Voici un moment déjà que l’IFOP était en vente, et que Laurence Parisot négociait avec les fondateurs du groupe de logistique. Créé en 1938, l’institut, dont le premier sondage fut « Faut-il mourir pour Dantzig ? », était dans une situation de fragilité. Selon les derniers comptes publics publiés, il était jusqu’en 2013 dans le rouge. Cette année-là, malgré une progression de 5,49 % de son chiffre d’affaires à 29 millions d’euros, la société enregistrait une perte de 2,9 millions. L’année précédente, elle affichait déjà un déficit de 1,4 million. La situation s’était progressivement dégradée au moment de la crise financière de 2008.

Fille et petite-fille d’industriels, Laurence Parisot avait racheté l’IFOP dans les années 1990, grâce à l’argent de Michel Parisot, héritier avec ses frères des meubles Parisot et qui s’était également lancé dans l’hôtellerie dans les Caraïbes. Elle fut ainsi PDG de l’IFOP entre 1990 et 2007, puis en resta la vice-présidente.

Désormais libre, Laurence Parisot va-t-elle enfin se lancer en politique, sa véritable passion, à l’image de Damien Philippot, le frère de Florian, conseiller de Marine Le Pen, qui a donné sa démission de l’IFOP le 9 novembre ? La question revient sur le devant de la scène au lendemain de cette cession inattendue. Pour l’heure, l’ancienne prêtresse de l’organisation patronale se mure dans le silence, et refuse même de s’exprimer sur la cession de son entreprise qu’elle incarne pourtant depuis plus de vingt-cinq ans. « Depuis son départ du Medef en 2013, on s’interroge sur sa possible entrée en politique. Nul doute qu’elle va compter. C’est une personnalité médiatique, à l’aise sur les sujets économiques et politiques », indique l’une de ses connaissances.

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Rejoindrait-elle une écurie ? En 2013, le président de la République Nicolas Sarkozy aurait pu faire appel à ses services. Il s’est abstenu. Il y a deux ans, Laurence Parisot avait soutenu l’Union des démocrates et indépendants (UDI) pour les élections européennes. Avant de brouiller les cartes. En 2016, elle saluait « l’approche sociale-démocrate » de l’économie par François Hollande.