Le fabricant de lunettes jurassien Logo a été placé mardi 15 novembre en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon. Cette décision « a été prononcée avec effet immédiat », a dit le responsable du comité d’entreprise de Logo, Sébastien Mignottet, qui a fait le déplacement à Lyon avec une vingtaine de salariés.

Créée en 1896, l’entreprise établie à Morez (Jura) était en difficulté depuis le retrait, en décembre 2015, de licences accordées par le numéro un mondial du luxe, LVMH, son donneur d’ordre exclusif. Depuis 1999, les deux filiales de LVMH, TAG Heuer et Fred, avaient accordé au fabricant jurassien une licence exclusive de création, conception, fabrication et commercialisation de leurs lignes optiques. Ce qui représente chaque année entre 400 000 et 500 000 paires de lunettes. En contrepartie, Logo devait leur verser 3 millions d’euros de royalties par an.

Le groupe Logo, qui emploie 172 salariés en France et environ 250 à l’étranger, notamment en Indonésie, aux Etats-Unis, en Australie et en Italie, réalisait 40 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce aux produits LVMH (97 % pour TAG Heuer et 3 % pour Fred). Le leader mondial du luxe, qui détient une soixantaine de marques, dont Louis Vuitton, Fendi, Sephora, Berluti ou encore Hennessy, a réalisé 35,7 milliards d’euros de ventes en 2015.

Refus de TAG Heuer de signer un contrat de licence

Un autre lunetier jurassien, Cémo, s’était déclaré intéressé par la reprise de 34 salariés, des brevets et du patrimoine du Groupe Logo, à la condition que la marque TAG Heuer signe un contrat de licence avec son partenaire commercial. Confronté au refus de TAG Heuer, Cémo avait annoncé mercredi le retrait de son offre.

De son côté, LVMH a dit à deux reprises dans un communiqué que « TAG Heuer n’est aucunement responsable de la situation actuelle de la société Logo mais a, bien au contraire, soutenu, autant qu’il était possible, cette société , qui gérait, il y a encore quelques années, près d’une dizaine de licences ».

« Nous ne sommes pas mariés à vie avec un sous-traitant. Nous ne les lâchons pas. Nous leur avons spécifié dès 2012 que nous mettrions fin à cette licence car nous considérons que la performance de Logo s’est dégradée depuis le changement de propriétaire », avait précisé LVMH à la fin de septembre.