Mark Zuckerberg n’a pas l’unanimité en dédouannant Facebook de toute responsabilité dans l’élection de Donald Trump. | ERIC RISBERG / AP

Après l’élection de Donald Trump, Facebook est pris dans ses contradictions. Après avoir été accusé d’avoir influencé le dénouement du scrutin en laissant des articles mensongers remonter dans les fils d’actualité de ses utilisateurs, le réseau social est en pleine remise en question. Une première mesure a été annoncée dans la nuit de lundi 14 à mardi 15 novembre. Les sites publiant de fausses informations ne pourront plus utiliser Facebook Audience Network, l’outil de monétisation publicitaire de Facebook, rapporte le Wall Street Journal, citant un porte-parole de Facebook. Il s’agit d’une première disposition face à un phénomène d’une ampleur nouvelle.

Selon le PewResearch Center, 44 % des Américains s’informent directement sur Facebook. Le site Buzzfeed a calculé que 20 % des articles de médias partisans des démocrates étaient mensongers, et 38 % côté républicain. Une fausse information publiée en juillet annonçant le soutien du pape François à Donald Trump a notamment été partagée près d’un million de fois, relate le New York Times. Une situation déplorée par Bobby Goodlatte, ancien ingénieur de Facebook :

« Malheureusement, le News Feed [le fil d’actualité de Facebook] est optimisé pour intéresser et générer des réactions. Comme nous l’avons appris avec cette élection, les propos mensongers intéressent et génèrent des réactions. Ces médias, et Donald Trump, se fichent de la vérité, tout ce qu’ils veulent, c’est que les gens réagissent. »

Divisions en interne

L’influence du réseau social dans l’élection devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion trimestrielle des dirigeants. Le New York Times confirme que derrière la posture de façade de Mark Zuckerberg, l’entreprise est traversée d’interrogations en interne sur son rôle et sa responsabilité.

Sur sa page Facebook, son patron assurait que « 99 % de tout ce que les gens voient sur Facebook est authentique. Seule une minorité sont des articles mensongers ou des hoax [des faux] ». Le président du réseau social assurait toutefois qu’il souhaitait voir ces derniers éradiqués, et que des projets étaient en cours et seraient annoncés « bientôt ».

Une posture qui aurait choqué des salariés de Facebook, estimant que Mark Zuckerberg minimisait le phénomène, relate Buzzfeed. Le site affirme qu’ils se seraient réunis spontanément pour réfléchir à des moyens de lutter contre l’affichage de ces fausses informations. Le site Gizmodo évoque quant à lui des débats en interne les mois précédant l’élection, les dirigeants du plus grand réseau social au monde s’interrogeant déjà sur leur rôle en tant que fournisseur d’information des électeurs.

Quelques mois avant l’élection, le réseau social avait dû se défendre de privilégier les médias prodémocrates dans sa mise en avant des sujets d’actualité, après que le site américain eut révélé que ces derniers n’étaient pas repérés par des algorithmes mais choisis par des salariés. Facebook a alors eu peur de se mettre définitivement à dos les républicains, affirme Gizmodo, citant, sous couvert de l’anonymat, un cadre de l’entreprise.