Une femme masquée lors d’une manifestation organisée par Ni putes ni soumises le 25 novembre 2010. | JOEL SAGET / AFP

Dix ans après son emménagement, le mouvement Ni putes ni soumises a été expulsé, mardi 15 novembre, de ses locaux parisiens pour impayés de loyers. Dans la matinée, les forces de l’ordre ont expulsé l’association de la Maison de la mixité, son siège inauguré en 2006 par le président Jacques Chirac dans le 20e arrondissement de Paris.

Selon Paris Habitat, qui leur louait le local, il y a eu « très rapidement des impayés de loyers ». « En 2013, on leur a proposé un protocole d’accord, avec un étalement de la dette sur deux ans. Ce protocole n’a jamais été respecté. On leur a proposé d’autres locaux, moins chers et aussi dans le 20e qui ont été refusés », a expliqué à l’Agence-France Presse (AFP) le bailleur social.

« Ils ont été expulsés après une décision du tribunal d’instance en référé d’avril 2016 », a ajouté Paris Habitat, précisant qu’« à ce jour la dette est de près de 140 000 euros ». L’association affirme pour sa part dans un communiqué avoir « été clochardisée par la quasi-absence de subventions de la part de pouvoirs publics – à l’exception notable de la politique de la Ville – pourtant prompts à s’afficher comme les garants des valeurs de la République ».

Le mouvement estime qu’on veut le « réduire au silence alors qu’il a été à la pointe de la lutte contre l’omerta qui entourait les violences faites aux femmes dans les quartiers ».

Une subvention de 25 000 euros

A la suite de cette expulsion, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a annoncé dans un communiqué le déblocage d’une subvention de 25 000 euros pour soutenir l’association.

« En parallèle et face aux difficultés actuellement rencontrées par ce mouvement, la région Ile-de-France s’engage à l’aider en hébergeant son siège à titre exceptionnel et sur une durée limitée au sein de ses locaux », a ajouté Mme Pécresse, réaffirmant « son engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes et pour lutter contre les discriminations et le communautarisme ».

Propulsée sur la scène médiatique après la mort, en octobre 2002, de Sohane Benziane, brûlée vive dans un local à poubelles de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), l’association a été courtisée par les politiques avant de connaître des dissensions et une perte de vitesse.