En marge de la COP22, Marrakech s’apprête à accueillir, mercredi 16 novembre, un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement africains dédié aux « défis et enjeux d’un développement durable en Afrique », au Palais des congrès de la ville, qui accueille depuis le 7 novembre la conférence internationale sur le changement climatique. C’est surtout l’occasion pour la diplomatie chérifienne de pousser son offensive pour réintégrer l’Union africaine (UA). L’objectif avoué de Rabat est de profiter de la présence des dirigeants africains à la COP22 pour faire aboutir sa demande d’adhésion exprimée lors du dernier sommet de l’UA, à Kigali, en juillet, dès le prochain conclave, prévu à Addis-Abeba en février.

Mardi, une trentaine de chefs d’Etat africains avaient confirmé leur présence et prévu de s’adresser à la COP, selon le site officiel de l’événement. La plupart d’entre eux assisteront, mercredi, au sommet organisé par le palais royal. Il s’agit notamment des présidents Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Muhammadu Buhari (Nigeria), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Alpha Condé (Guinée), Edgar Lungu (Zambie), Patrice Talon (Bénin), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Mahamadou Isssoufou (Niger), Idriss Déby Itno (Tchad), Paul Kagame (Rwanda) et Uhuru Kenyatta (Kenya).

Ces dirigeants sont ceux des pays avec lesquels le Maroc entretient des relations suivies ou ceux qui ont été l’objet de la nouvelle stratégie diplomatique royale. Mohammed VI a effectué à la mi-octobre un voyage en Afrique de l’Est, au Rwanda et en Tanzanie, une première pour un roi du Maroc. L’étape éthiopienne a été reportée après la COP22 et le souverain chérifien envisage une visite prochaine au Kenya, selon une source proche du palais.

Omar Al-Bachir, visé par un mandat d’arrêt de la CPI, attendu

En revanche, et alors qu’ils étaient invités et devaient prendre la parole lors du « segment de haut niveau » de la COP22, le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi et le premier ministre éthiopien Haïle Mariam Dessalegn ne sont plus au programme communiqué par les Nations unies mardi.

Ces deux pays, parmi les plus grands d’Afrique, n’avaient pas rejoint la motion signée par 28 pays lors du sommet de Kigali pour réclamer l’adhésion du Maroc à l’UA, après trente-deux ans de boycottage par le royaume, qui entendait protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Quant à la Tunisie, elle sera représentée par son chef du gouvernement, Youssef Chahed. Et côté algérien, c’est Abdelkader Bensalah, président du Sénat, qui représentera son pays. Le sommet verra la participation du président français François Hollande, à l’heure où des diplomates français émettent déjà, mezzo voce, des « réserves » sur la tenue du sommet Afrique-France, prévu à Bamako, en janvier 2017.

Par ailleurs, la présence des présidents Robert Mugabe (Zimbabwe) et Omar Al-Bachir (Soudan) est également confirmée. Visé par un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI), le président soudanais est un habitué des sommets africains, qui lui offrent l’occasion de défier son isolement diplomatique. Invité par le roi Mohammed VI en amont du sommet de Kigali, il ne devrait pas rater cette occasion de narguer la CPI, plus décriée que jamais sur le continent africain. En octobre, le Burundi, l’Afrique du Sud puis la Gambie ont annoncé leur retrait de la Cour pénale internationale. De son côté, le Maroc, bien que signataire du traité depuis 2000, fait partie des neuf pays africains qui ne l’ont pas ratifié. Le royaume chérifien n’est donc pas tenu d’exécuter les mandats d’arrêt de la CPI.