Valérie Castile, mère de la victime, s’exprime au cours d’une conférence de presse à Minneapolis. | Stephen Maturen / AFP

Le policier qui avait tué le 6 juillet Philando Castile, un Noir de 32 ans, lors d’un banal contrôle routier à côté de Saint-Paul (Minnesota), a été inculpé, mercredi 16 novembre, d’homicide au second degré, c’est-à-dire de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. « L’usage de la force létale n’était pas justifié », a expliqué le procureur du comté de Ramsey, John Choi, lors d’une conférence de presse.

Cette affaire, ainsi qu’une autre, assez similaire, qui avait eu lieu la veille à Bâton Rouge (Louisianne), ont provoqué beaucoup d’émoi aux États-Unis. Plusieurs dizaines de manifestants avaient défilé à travers tout le pays pour protester contre ce qui avait été interprété alors comme des crimes racistes. Quelques jours après, lors d’une marche qui se déroulait à Dallas (Texas) un homme avait organisé un guet-apens au cours duquel il avait tué cinq policiers et en avait blessé cinq autres. L’homme avait expliqué, avant d’être tué par les forces de l’ordre, qu’il avait voulu venger ces victimes de la violence policière à l’égard de la communauté noire.

La scène avait été filmée

Si le drame avait pris de telles proportions, c’est en partie parce que Diamond Reynolds, la petite amie de la victime, avait filmé toute la scène avec son téléphone portable. Sur la vidéo, qui a été visionnée plusieurs millions de fois sur Facebook, on voit un homme ensanglanté s’effondrer sur le siège passager avant, alors que la fille de Mme Reynolds, âgée de 4 ans, est assise à l’arrière.

A l’extérieur du véhicule, un policier, Jeronimo Yannez, pointe son arme par la vitre avant, baissée. En fond sonore, on entend la voix de celle qui filme, qui décrit ce qui vient de se passer avec un calme glaçant et une politesse qui semble presque déplacée, tant la scène est violente : « S’il vous plaît, Monsieur l’agent, ne me dites pas que vous lui avez fait ça. Vous avez tiré quatre balles sur lui, Monsieur. Il était juste en train de chercher ses papiers, ­Monsieur. »

A l’arrière, l’enfant tente de rassurer sa mère : « Ça va maman, ça va. Je suis avec toi. ». Philando Castile, employé dans la cafétéria d’une école, sans casier judiciaire et détenteur d’un port d’arme, avait prévenu l’agent qu’il avait un revolver dans le véhicule. « Je lui avais dit de ne pas le chercher. Je lui avais dit de lever ses mains en l’air », entend-on le policier se justifier en arrière-fond dans la vidéo. « Mais comment ne pas bouger lorsqu’on vous demande vos papiers ? », a expliqué a posteriori Mme Reynolds.

Le policier encourt une peine de dix ans de prison

Le procureur a reconnu que la victime et son amie avaient répété au policier qu’il n’avait pas essayé de se saisir de son arme. Malgré cela, ce sont « sept coups qui ont été tirés rapidement à l’intérieur du véhicule », a-t-il souligné. Le policier avait tenté d’expliquer qu’il pensait que M. Castile avait participé à un cambriolage, mais aucun élément n’est venu corroborer ce soupçon. « La simple mention ou présence d’une arme à feu ne peut à elle seule justifier l’usage de la force létale », a conclu M. Choi, insistant sur le fait que M. Castile « n’a pas résisté et n’a pas fui, il n’a montré aucune intention criminelle ». M. Yanez est passible d’une peine de dix ans de prison.

La mère de la victime, Valerie Castile, a dit, lors d’une conférence de presse, qu’elle était satisfaite de l’inculpation du policier.