Siège social de Google, à Mountain View (Californie). | MARCIO JOSE SANCHEZ/AP

Mois après mois, Google poursuit son œuvre de financement des projets d’innovation dans le secteur des médias : au cours du semestre écoulé, Digital News Initiative (DNI), le fonds que le géant américain a initié, a distribué 24 millions d’euros à 124 projets. Depuis sa création fin 2015, il a donc accordé 51 millions d’euros, sur les 150 qu’a promis d’apporter Google sur trois ans.

Le travail du DNI est la poursuite, au niveau européen, d’une logique née en France en 2013 avec le fonds Google pour la presse (ou Fonds pour l’innovation numérique de la presse, FINP).

A l’époque, les éditeurs de presse d’information, après s’être longtemps opposés au moteur de recherche, accusé de se développer en fragilisant l’économie des médias, avaient signé un accord prévoyant l’octroi de 60 millions d’euros sur trois ans à des projets d’innovation (Le Monde a fait partie des projets soutenus par le FINP et DNI, pour la refonte de ses éditions mobiles, le développement de la vidéo, le lancement de Snapchat Discover, « Le Monde Afrique », et un futur service de démontage de rumeurs).

« Nous sommes dans une logique européenne »

Une lecture purement comptable ferait remarquer que les médias français ont dans le nouveau système moins de chances de voir leurs développements financés. Avec 2 millions d’euros sur les 24 accordés au cours de la dernière vague de validation, la France se classe toutefois 2e des pays européens, à égalité avec l’Espagne, derrière l’Allemagne (5 millions) et devant la Norvège (1,9 million), le Royaume-Uni (1,7 million), l’Italie et le Portugal (1,5 million). Cette liste montre au moins que le fonds n’a pas choisi d’accorder son soutien en fonction de la taille des pays, en population.

« Nous sommes dans une logique européenne, il n’y a aucun quota par pays, explique Ludovic Blecher, le directeur du DNI. Nous cherchons à stimuler l’écosystème des médias, à favoriser la prise de risque, notamment en finançant des projets vraiment innovants, pas simplement de la production de contenu ou des projets de modernisation. »

Des différentes phases de validation des dossiers, M. Blecher retient l’importance des projets « collaboratifs », associant plusieurs entités, qu’il s’agisse de médias, d’institutions ou de start-up. C’est une orientation qui avait été souhaitée par le fonds DNI. Ainsi, le site allemand Spiegel Online collabore avec l’Institut für Spielanalyse et l’université technique de Münich, pour créer une plate-forme d’analyse du football par les données et les statistiques. Elle recevra près de 700 000 euros de DNI.

Accélérer le chargement des articles sur téléphone mobile et tablette

En France, le site d’information Slate a lui présenté une autre plate-forme utilisant les données à des fins éditoriales, pour proposer une autre vision du monde à partir de divers chiffres : il travaille pour cela avec des entreprises partenaires, Wedodata (spécialiste de la visualisation de données), Syllabs (notamment éditeur de logiciels de génération automatique de texte) et OpenDataSoft (plate-forme de données ouvertes).

A l’échelle régionale, La Nouvelle République du Centre s’est associée à d’autres titres locaux, dont Nice-Matin, pour développer un outil permettant de mieux transformer leurs pages de sites Web en pages consultables en « AMP », un format conçu par Google pour accélérer le chargement des articles sur téléphone mobile et tablette. « C’est le genre de développement qui répond à un besoin commun d’éditeurs », explique M. Blecher, qui cite aussi le travail d’un journal irlandais pour créer une édition destinée à la diaspora d’un pays.