Eclairée par deux immenses baies vitrées encadrant un bâtiment flambant neuf, l’allée centrale de l’ESC Troyes dégage une atmosphère bon enfant. Pendant qu’un bœuf musical se tient sur l’estrade, des étudiants profitent de leur pause pour discuter, faire un ping-pong ou une partie de baby-foot. Sur 15 000 m2, ces locaux agrandis en 2014 ne sont qu’une partie du Groupe ESC Troyes, ils abritent pourtant une école de management, une école de tourisme, des prépas paramédicales et sociales. Et le logo du groupe s’affiche ailleurs dans la ville, notamment à l’entrée de l’école de design et dans l’incubateur étudiant de la Technopole de l’Aube.

Loin de l’élitisme et du clonage de profils formatés, le groupe met en avant son modèle fondé sur la transversalité et l’innovation. Design, tourisme, innovation, paramédical, entrepreneuriat, réinsertion ou formation continue : il réunit aujourd’hui une dizaine de branches de formation, allant d’une école de la deuxième chance (E2C) pour les jeunes sortis du système scolaire sans qualification, à un programme grande école de commerce de niveau bac + 5.

« Rencontres improbables »

L’histoire du groupe est singulière. Ecole de commerce et de gestion fondée dans les années 1960, elle devient une Ecole supérieure de commerce (ESC) en 1992. En 1997, sa direction est ensuite confiée à Francis Bécard. Cet industriel troyen passé, entre autres, par le textile et la robotique s’attache, depuis, à gérer l’école « comme une entreprise, aime-t-il à répéter. Sauf qu’[il] travaille là avec une matière noble et vivante : de l’humain ». Loin de rougir de ne pas siéger dans une grande ville, Francis Bécard a choisi d’élargir l’offre de formation pour en faire un groupe, « une marque » qui ne se limite plus aux cursus classiques des écoles de commerce.

Mais l’agrandissement n’est pas un objectif en soi, explique le directeur. « Nous visons les 2 500 étudiants pour obtenir des accréditations internationales, mais notre but est aussi de créer des rencontres improbables pour stimuler la créativité des étudiants », dit-il. En début de formation, les étudiants des bachelors de design, tourisme et management, les prépas santé-social et quelques stagiaires de l’E2C participent à la Music’Week, une semaine de créations musicales et chorégraphiques par équipes mixtes. Plusieurs modules et challenges favoriseront ensuite les collaborations intercursus. En troisième année, le programme grande école de commerce propose une spécialisation « Innovation, création et entreprenariat ». Celle-ci permet aux élèves de travailler avec des étudiants designers et ingénieurs afin de mêler leurs compétences pour monter un projet d’entrepreneuriat.

La transversalité est aussi favorisée par le partenariat entre le Groupe ESC Troyes et la Technopole de l’Aube, également dirigée par Francis Bécard. Dans la Technopole, un incubateur permet aux étudiants-entrepreneurs issus de huit organismes de formation au bois de développer leur projet en croisant leurs compétences, et d’être « coachés » par des professionnels sous le regard de potentiels business angels.

En 2004, l’ESC Troyes a aussi été la première école de management de France à intégrer une école de design. Du bachelor au MBA, son objectif est de former des designers capables de travailler avec des équipes pluridisciplinaires (manageurs, ingénieurs, techniciens…). « C’est pourquoi les programmes sont basés sur la culture du projet d’entreprise, avec la création de trios manageur-commercial-designer, facilitée par l’incubateur de la Technopole », précise Julien Robert, conseiller design du groupe. Même démarche pour l’école de tourisme, créée en 2004, qui délivre un bachelor puis un MBA pensé à 100 % par et pour les professionnels du tourisme.

Ambiance familiale

Cette transversalité est une force pour Antoine Boileau, qui termine ses trois années dans le programme grande école. Spécialisé en « Innovation création et entreprenariat », il a travaillé avec des étudiants ingénieurs et designers sur le projet de conception et de commercialisation d’un autolaveur automatisé. « En tant que commercial, j’avais l’impression d’avoir une vision universelle du produit, se souvient-il. Mais les ingénieurs pensaient aux côtés techniques et aux brevets, alors que les designers imaginaient les scénarios d’utilisation et les interfaces homme-machine. Nous étions très complémentaires. » Aujourd’hui, Antoine est autoentrepreneur. Coaché pendant six mois à la Technopole de l’Aube, il a créé Délicassie, un concept de pains d’épices artisanaux qu’il commercialise en épiceries de produits régionaux.

Pour les étudiants, c’est aussi l’ambiance « familiale » qui compte : « Les enseignants sont très accessibles et il y a une bonne ambiance entre les différentes promos », s’enthousiasme Célia Piscione, étudiante en deuxième année de bachelor tourism management. Et la vie étudiante à Troyes ? « Une très bonne surprise, souligne Nesrine Akremi, étudiante ­parisienne en troisième année du programme grande école. Et le coût de la vie n’est pas le même qu’à Paris ! » Small is beautiful

Un supplément spécial et un salon pour s’informer sur les écoles de commerce

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Des informations à compléter lors du salon des grandes écoles du Monde, samedi 26 et dimanche 27 novembre à Paris, grâce aux conférences animées par nos journalistes et en rencontrant des responsables et étudiants de nombreuses écoles de management représentées. Entrée gratuite, préinscription recommandée.