Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, lors de la présentation à la presse du système Etias, le 16 novembre 2016 à Bruxelles. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Si les citoyens britanniques se demandaient combien allait leur coûter la sortie de leur pays de l’Union européenne, ils ont désormais une première réponse : 5 euros (ou 4,30 livres sterling). Ils devraient, en effet, être soumis, comme les ressortissants d’une soixantaine d’autres pays, dont les Etats-Unis, le Canada ou le Japon, au nouveau système dévoilé, mercredi 16 novembre, par la Commission de Bruxelles. Etias, acronyme anglais pour Plan d’autorisation et d’information sur les voyages en Europe, prévoit une autorisation préalable à obtenir en ligne, soixante-douze heures au moins avant le départ vers l’espace Schengen. Et décrocher ce document indispensable – valable durant cinq ans – devrait coûter 5 euros par personne, sauf pour les moins de 18 ans.

Julian King, le frais émoulu commissaire (britannique) à la sécurité de l’Union, a contribué à la préparation de ce projet que, depuis Londres, la ministre de l’intérieur, Amber Rudd, avait, dans une formule très diplomatique, qualifié de « pas particulièrement désirable » en septembre. M. King a toutefois pu s’abstenir de le défendre avec vigueur, mercredi, lors d’une conférence de presse, à Bruxelles. Il a laissé le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, le qualifier de « facile, rapide, peu coûteux et efficace ». Tandis que Dimitris Avramopoulos, le commissaire aux affaires intérieures, estimait qu’Etias permettrait d’identifier tous ceux qui posent une menace pour la sécurité, présentent un risque sanitaire ou tentent de migrer clandestinement.

Monnaie d’échange

En cas de détection d’un profil suspect, un examen plus approfondi sera mené par une nouvelle unité de l’agence des gardes-frontières et gardes-côtes, elle-même créée tout récemment sur les bases de Frontex. Ce sont toutefois les douaniers et gardes-frontières nationaux qui décideront, en dernier recours, d’accorder ou non le droit d’entrée.

Longtemps jugé infaisable, ce dispositif a été considéré comme indispensable après les attentats de Paris et de Bruxelles

Calqué sur le principe du système ESTA, en vigueur aux Etats-Unis depuis les attaques terroristes de 2001, le système croisera les données personnelles des voyageurs avec celles des fichiers antiterroristes, du fichier d’information Schengen ainsi que ceux d’Interpol et d’Europol. Longtemps jugée infaisable, une telle réalisation a été considérée comme indispensable après les attentats de Paris et de Bruxelles, en 2015 et 2016.

Il reste toutefois à savoir ce qu’il en restera après son examen par le Parlement européen, toujours sourcilleux sur le respect des libertés. Après, aussi, la négociation sur le Brexit, au cours de laquelle les 5 euros envisagés pourraient servir de monnaie d’échange : « Il n’est pas exclu que l’on exempte finalement les 30 millions de voyageurs britanniques qui se rendent chaque année en Europe pour obtenir l’une ou l’autre concession », sourit un haut fonctionnaire du Conseil.

Censé entrer en vigueur en 2020 et délivrer les documents en moins de dix minutes, Etias représente un défi technologique considérable et un investissement de 212 millions d’euros. Quelques expériences européennes antérieures, dont la très difficile mise en place du système Schengen SIS II, en avril 2013, incitent toutefois à la prudence quant au respect du délai fixé par ses promoteurs.