Centre logistique d’Amazon à Saran (Loiret), en octobre. | GUILLAUME SOUVANT / AFP

Une vingtaine de dirigeants de groupes étrangers étaient attendus à l’Elysée, vendredi 18 novembre, pour échanger avec le président de la République, François Hollande, le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, ou encore la ministre du travail, Myriam El Khomri, sur le thème de l’attractivité de la France.

Ce cinquième Conseil stratégique de l’attractivité intervient dans un contexte très particulier. C’est le dernier du quinquennat mais surtout, c’est le premier échange de ce type depuis le vote des Britanniques du 23 juin en faveur de leur sortie de l’Union européenne.

De ce fait, le monde de la finance, concerné au premier chef par le Brexit, a été plus ciblé que d’habitude par ce cénacle, avec la présence de dirigeants du premier gestionnaire d’actifs mondial Blackrock, de l’assureur britannique Aviva ou encore de l’agence de notation Moody’s. Mais les services (Salesforce, UPS, Amazon…) et l’industrie (Mitsubishi Heavy Industries, Mars, Lenovo…) sont également concernés.

« L’image de la France s’est améliorée »

« Il y a une vraie opportunité pour la France d’attirer des entreprises comme la nôtre après le Brexit », témoigne Rajesh Krishnamurthy, responsable pour l’Europe de la société indienne des services informatiques Infosys et l’un des vingt-trois dirigeants invités. Comme nombre de groupes indiens ou japonais ayant bâti leur base européenne outre-Manche, Infosys, qui emploie 3 000 personnes au Royaume-Uni contre 460 en France, s’interroge sur les conséquences du Brexit.

« Nous menons des analyses pour identifier nos risques en fonction des différents scénarios. Nous pensons investir d’avantage en Pologne et en Roumanie mais nous regardons comment augmenter notre présence en France, à Marseille notamment. La France a des atouts pour devenir une base pour notre développement en Afrique », explique M. Krishnamurthy, qui précise : « La flexibilité du travail en France pourrait être améliorée mais, la clé pour nous, c’est la stabilité du régime fiscal. Nous avons mis en suspens le projet de création d’un centre de recherche et développement en France car des règles du jeu fiscal avaient changé. »

« Nos enquêtes mondiales montrent que Paris figure parmi les trois alternatives solides pour les entreprises dont le siège européen est au Royaume-Uni et qui vont redistribuer partiellement leurs activités », abonde Marc Lhermitte, associé du cabinet EY, auteur du Baromètre de l’attractivité. Selon lui, « dans un contexte de grandes incertitudes mondiales, l’image de la France s’est améliorée en relatif par rapport à celle du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou encore des pays émergents ».

1 350 projets annoncés depuis janvier

Après avoir déjà annoncé plusieurs investissements en France ces derniers mois – notamment la création d’une plate-forme à Amiens –, l’américain Amazon devait dévoiler vendredi son intention d’étendre son entrepôt situé près d’Orléans : un projet estimé à 20 millions d’euros permettant de créer 300 emplois. « Le dossier s’est accéléré après le Brexit », souligne-t-on à l’Elysée.

En parallèle, la firme japonaise Iris Ohyama, qui fabrique notamment des caisses de rangement en plastique, compte investir 40 millions pour construire une usine dans l’Essonne, avec 100 emplois à la clé. Sa présence en Europe se limitait jusque-là à une implantation aux Pays-Bas.

« Cela fait deux ans que nous avons une dynamique positive sur l’investissement étranger. La tendance se poursuit en 2016 », constate Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France. Depuis janvier, quelque 1 350 nouveaux projets émanant de groupes étrangers ont été lancés en France, et un peu plus de 300 ont déjà abouti : c’est une vingtaine de plus que l’an dernier à la même époque.

Quelques exceptions

En mars, Business France avait chiffré à 962 le nombre de décisions d’investissement physique prises en 2015, soit 5 % de moins qu’en 2014, mais celles-ci ont permis de maintenir ou créer davantage d’emplois (33 682, soit + 27 %).

Ce bilan ne tient pas compte, cependant, des destructions d’emplois qui interviennent ici et là, lorsque certaines multinationales réduisent la voilure en France. Le distributeur britannique Marks & Spencer vient d’annoncer la fermeture de plusieurs magasins entraînant la suppression de 517 postes et le néerlandais Philips ou encore le japonais Kenwood ferment des sites.

Selon une source proche des pouvoirs publics, le fabricant de pneus allemand Continental envisage, lui, de réinvestir en France, sept ans après la fermeture de l’usine de Clairoix (Oise), devenue un symbole de révolte sociale.