Salaheddine Mezouar, président de la COP22, lors d’une conférence de presse, le 16 novembre 2016. | ARTHUR GAUTHIER/HANS LUCAS POUR LE MONDE

L’ombre du président élu Donald Trump a plané sur les dernières heures de la COP22 à Marrakech. Les négociateurs, déterminés à lutter contre le réchauffement, en ont appelé à son « pragmatisme ».

« Le message de la COP au nouveau président américain est tout simplement de dire “nous comptons sur votre pragmatisme et votre esprit d’engagement” », a déclaré à la presse Salaheddine Mezouar, le président de la COP22.

« La communauté internationale est engagée sur un grand combat pour l’avenir de notre planète (…) pour la dignité de millions et de millions de personnes » et « nous continuons à tracer notre cap », a poursuivi M. Mezouar, ministre des affaires étrangères marocain.

« Nous nous sommes tournés vers l’Amérique dans les jours sombres de la seconde guerre mondiale », a rappelé en séance plénière le premier ministre fidjien, Frank Bainimarama. Avant de lancer à l’adresse de Donald Trump : « Vous êtes alors venus nous sauver, il est temps pour vous de contribuer à nous sauver aujourd’hui. »

Les Fidji organiseront à la fin de 2017 la COP23, qui se tiendra à Bonn, en Allemagne, pour des raisons logistiques. M. Bainimarama a demandé au futur dirigeant des Etats-Unis d’abandonner « sa position actuelle selon laquelle le changement climatique (…) serait un “canular” », une expression utilisée par M. Trump pendant sa campagne.

Une « proclamation de Marrakech »

A Paris, l’an dernier, après des années de négociations, les pays se sont fixé comme objectif de contenir la hausse du thermomètre mondial « bien en dessous 2 °C » et de revoir à la hausse leurs engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), actuellement insuffisants pour respecter cette limite.

Le résultat de l’élection américaine, deux jours après le début de cette COP, avait plongé négociateurs et représentants de la société civile dans la sidération. Tous les pays, y compris la Chine – premier pollueur mondial avec 25 % des émissions mondiales – et l’Arabie saoudite, ont assuré qu’ils respecteraient l’accord de Paris.

Jeudi, une « proclamation de Marrakech » a ainsi été adoptée par consensus : « Nous, chefs d’Etat, de gouvernement, et délégations réunis à Marrakech (…) appelons à l’engagement politique maximal pour lutter contre le changement climatique ».

« La volonté de la Chine de travailler avec les autres pays demeure », a de son côté assuré le négociateur chinois, Xie Zhenhua. Les Etats-Unis – 2e émetteur de gaz à effet de serre avec 15 % –, sous l’impulsion du président Obama, ont largement contribué à ce qu’un accord soit trouvé entre 195 pays.

Premier bilan d’ici à 2018

Vendredi, 48 pays membres du « Climate Vulnerable Forum », représentant plus d’un milliard de personnes parmi les plus exposées au changement climatique, sont allés plus loin. Ils se sont engagés à relever leurs objectifs de réduction des émissions de GES « avant 2020 », ce que préconisent les scientifiques pour maximiser les chances de rester sous 2 °C. Ils ont aussi dit vouloir atteindre 100 % d’énergies renouvelables « aussi tôt que possible ».

A Marrakech, les discussions sur l’aide financière promise par les pays industrialisés aux plus vulnérables pour faire face au réchauffement ont, en revanche, de nouveau été difficiles. Les débats se focalisent sur le financement des projets d’adaptation (digues, surélévation des habitations, système d’alerte météo, etc.), qui ne représente qu’environ 16 % de l’aide actuelle, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, un niveau jugé très insuffisant par les pays en développement.

Le reste des discussions a porté sur la mise en œuvre de l’accord de Paris : préparer le premier bilan en 2018 des actions engagées par les pays et s’entendre sur les informations qu’ils devront, à terme, fournir pour faire preuve de la plus grande transparence possible.