Michael Flynn en 2014. | GARY CAMERON / Reuters

L’heure de la revanche a sonné pour Michael Flynn. Selon la presse américaine, Donald Trump a proposé jeudi 17 novembre à ce général poussé vers une retraite anticipée en 2014, alors qu’il dirigeait le département du renseignement de l’armée américaine, de devenir son conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche.

Un poste de choix pour celui qui a rejoint l’homme d’affaires en franc-tireur, alors que le candidat républicain était considéré comme inapte à la fonction présidentielle par une bonne partie de la communauté de la sécurité et du renseignement. Pour couronner le tout, la proposition est tombée le jour même de la démission du patron du renseignement national, James Clapper. Celui-là même qui avait poussé Michael Flynn vers la sortie en arguant d’un caractère incommode.

La présence d’un militaire aux côtés d’un président sans expérience en la matière n’a rien de nouveau. Barack Obama s’était appuyé au début de son premier mandat sur un ancien patron des Marines, James Jones. La trajectoire de Michael Flynn est cependant autrement plus tourmentée. Ses missions successives en Irak et en Afghanistan l’ont en effet convaincu d’un impératif absolu: la lutte contre le djihadisme.

Résilience

La conviction profonde de la résilience de ce dernier l’avait placé en porte-à-faux avec l’administration Obama entre la mort d’Oussama Ben Laden, en 2011, et la renaissance spectaculaire d’une branche irakienne de la nébuleuse Al-Qaida, trois ans plus tard. L’ironie de l’histoire a voulu que la cérémonie organisée pour son départ du Pentagone, le 7 août 2014, coïncide avec le début de frappes américaines destinées à stopper une offensive de l’organisation Etat islamique contre les provinces kurdes d’Irak. S’il les accepte, il prendra ses fonctions dans deux mois alors que le califat autoproclamé est partout sur le reculoir en Syrie comme en Irak.

Les raisons de sa disgrâce sont devenues les causes de sa bonne fortune. Au cours de la course des primaires, Michael Flynn avait conseillé plusieurs candidats républicains également convaincus de la menace que le djihadisme fait peser selon lui sur les États-Unis. Mais son caractère abrasif n’a pu que plaire au magnat de l’immobilier, grand pourfendeur comme lui d’un politiquement correct qui nuirait selon lui à la prise de décision. Lors de la convention républicaine de Cleveland, il avait interrompu son discours pour scander à l’unisson du public « enfermez-la! » à l’intention de l’adversaire démocrate de M. Trump, Hillary Clinton.

Interrogatoires controversés

Michael Flynn a aussi exprimé une certaine ambiguïté à propos du waterboarding (simulacre de noyade), une technique d’interrogatoire assimilée à la torture pratiquée dans les premières années de la « guerre contre le terrorisme » avant d’être abandonnée face aux critiques. M. Trump a assuré pendant sa campagne que « la torture, ça marche », et que « même si ça ne marche pas » les suspects « la méritent ». La centralité de la lutte contre le djihadisme justifie pour M. Trump la quête d’une collaboration avec la Russie. Un pays qui n’est pas étranger à M. Flynn. Régulièrement sollicité par la chaîne Russia Today financée par les autorités, il avait été invité à un gala somptueux organisé à Moscou en décembre 2015 et placé à la même table que le président Vladimir Poutine.

Compte tenu des règles qui prévoient un délai de carence de sept ans pour un militaire avant de pouvoir être nommé secrétaire à la défense, un poste prévu pour un civil, Michael Flynn ne peut guère briguer la direction du Pentagone à moins d’un improbable feu vert du Congrès exprimé une seule fois depuis la création du poste, au profit du général George Marshall. Le poste proposé par M. Trump n’a cessé cependant de gagner en importance sous la présidence de M. Obama, chevauchant à la fois celui de secrétaire à la défense et celui de secrétaire d’Etat.