Saisie de 582 kg de cannabis dans un camion par les Douanes, dans le port de Rouen, le 29 juillet 2016. | HO / AFP

Un camion transportant 500 kg de cannabis en provenance d’Espagne a été intercepté dans la soirée de jeudi 17 novembre, au moment où il entrait dans le centre technique de la mairie de Saint-Denis, a rapporté le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) au Monde, confirmant une information de l’Agence France-Presse.

Au total, quatre personnes soupçonnées d’être impliquées dans ce go fast – méthode utilisée par les trafiquants de drogues pour le transport des stupéfiants, consistant à rouler à très grande vitesse pour éviter les contrôles de police – ont été interpellées jeudi soir et vendredi matin, selon une source proche de l’enquête. La marchandise a été saisie lors d’une opération menée par les Douanes.

Sur les quatre personnes interpellées, deux sont employées par la mairie de Saint-Denis. L’une des deux, « un Corse d’une quarantaine d’années », est même considéré comme « l’un des plus gros pourvoyeurs de drogue de la circonscription », a ajouté cette source.

L’organisateur présumé de ce trafic, qui travaillait pour le centre technique de la mairie depuis de nombreuses années, avait été interpellé en 2015 pour détention de cocaïne et laissé libre sous contrôle judiciaire, selon cette source.

« Procédures disciplinaires »

Outre la cargaison, une « petite dizaine de véhicules haut de gamme munis de fausses plaques, dont des motos de luxe » ont été saisis dans ce garage municipal lors de la perquisition menée tôt vendredi matin.

« C’est un beau dossier vu le matériel qu’ils avaient : un camion à double fond, une voiture “ouvreuse”, un brouilleur de GPS », a affirmé une autre source du dossier.

Dans un communiqué, la mairie de Saint-Denis explique avoir « engagé les procédures disciplinaires qui s’imposent », et « se félicite de la réussite de cette opération conduite en étroite collaboration entre la ville, la police nationale et les Douanes ».

Mathieu Hanotin, député socialiste de Seine-Saint-Denis, s’est dit pour sa part « scandalisé ». Selon lui, « cette affaire pose la question du recrutement et du contrôle des agents publics ». Il a déclaré dans un communqué :

« Que la municipalité n’ait rien su de ce qui se passait au sein de son CTM [centre technique municipal] pose un grave problème, auquel il convient de remédier en urgence ; qu’une partie d’entre elle en ait eu connaissance sans réagir en serait un autre d’une ampleur bien plus conséquente. »

Les enquêteurs des Douanes estiment entre 1,7 million et 2,5 millions d’euros le profit que les trafiquants auraient pu retirer de la revente de la marchandise. L’enquête judiciaire a été confiée à l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris).