Le premier ministre japonais Shinzo Abe rencontre Donald Trump  à New York le 17 novembre. | HANDOUT / REUTERS

Donald Trump reçoit jeudi dans son QG de Manhattan le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe, premier test de politique étrangère pour le futur président américain en pleines tractations pour former son gouvernement.

Alors que Barack Obama faisait à Berlin ses adieux à la chancelière allemande Angela Merkel, M. Abe devait être le premier dirigeant étranger à être reçu à la Trump Tower par le président élu, qui a inquiété de nombreux alliés des Etats-Unis sur la politique étrangère qu’il entend mener.

Certains experts en diplomatie s’inquiètent du fait que, selon le Washington Post, M. Trump n’ait pas pris le temps de se faire briefer avant cette rencontre.

Stratégie militaire

Pendant la campagne, M. Trump a dit envisager le retrait des soldats américains du sud de la péninsule coréenne et de l’archipel nippon à défaut d’une hausse significative de la contribution financière des deux pays.

Il a aussi vilipendé les traités de libre-échange comme le Partenariat transpacifique (TPP), que les Etats-Unis n’ont pas encore ratifié. Tokyo craint que son éventuel abandon ne favorise un accord commercial rival voulu par la Chine.

« C’est un honneur pour moi de rencontrer le président élu Trump avant les autres dirigeants du monde », a déclaré M. Abe avant de quitter Tokyo. « L’alliance entre le Japon et les Etats-Unis est la pierre angulaire de la diplomatie et de la sécurité du Japon », qui « ne peut fonctionner que dans la confiance ».

« J’ai la conviction que Donald Trump est un dirigeant de grande confiance », a déclaré M. Abe à l’issue de sa rencontre de plus d’une heure avec M. Trump dans son QG de « Trump Tower » à New York.

Même s’il n’a pas dévoilé la teneur de leurs discussions, le dirigeant japonais a qualifié de « chaleureuses » et « franches » ses premières discussions avec le successeur de Barack Obama.

Nouveaux noms pour la diplomatie

La porte-parole de Trump, Kellyanne Conway, a néanmoins minimisé l’importance de la rencontre, soulignant « toute conversation approfondie » devrait attendre l’investiture de Donald Trump fin janvier.

Cette visite intervient alors que les tractations continuent pour désigner le secrétaire d’Etat qui succédera à John Kerry à la tête de la diplomatie de la première puissance mondiale.

Parmi les noms qui circulent figure toujours l’ex-maire républicain de New York Rudy Giuliani, sans expérience en matière de politique étrangère, mais soutien de la première heure du magnat de l’immobilier. Donald Trump hésiterait cependant en raison de ses liens controversés avec une compagnie pétrolière vénézuélienne. Il a été aperçu à la tour Trump jeudi matin.

La gouverneure républicaine de l’Etat de Caroline du Sud, Nikki Haley, fille d’immigrants indiens, également citée parmi les prétendants à ce poste, était aussi jeudi matin au QG de Trump. Selon Mme Conway, elle pourrait prétendre « à beaucoup de fonctions » au sein de la nouvelle administration.

Donald Trump devait aussi consulter jeudi l’ex-secrétaire d’Etat Henry Kissinger, âgé de 93 ans, qui fut le stratège des présidents Richard Nixon et Gerald Ford.

A défaut de nominations, qui seront annoncées avant ou après la fête de Thanksgiving, le 24 novembre, selon Mme Conway, les spéculations allaient bon train sur les autres postes-clés de la future administration.

« Nomination inacceptable »

A la foule de postes à pourvoir s’est ajouté jeudi celui de chef des renseignements, leur responsable actuel, James Clapper, ayant confirmé qu’il quitterait ses fonctions à la fin de son mandat fin janvier.

Le général à la retraite Michael Flynn, 57 ans, qui avait dirigé la Defense Intelligence Agency (DIA) entre 2012 et 2014 mais était parti en raison de conflits avec le personnel et l’administration, pourrait lui être nommé conseiller pour la sécurité nationale, selon les médias.

L’ancien rival des primaires républicaines, le sénateur conservateur Ted Cruz, a rendu visite à Donald Trump et pourrait être promu ministre de la Justice.

Selon le Wall Street Journal, M. Trump pourrait désigner l’ancien gouverneur du Texas Rick Perry, ex-candidat aux primaires, au poste de ministre de l’Energie.

Bien que vivement critiquée par Trump pendant la campagne, la présidente de la banque centrale américaine, la Fed, a elle assuré qu’elle comptait aller jusqu’au bout de son mandat en 2018.

Le rôle de Jared Kushner, le gendre de Trump parfois présenté comme son éminence grise et aperçu par les journalistes jeudi matin à la Trump Tower, faisait également l’objet d’intenses spéculations.

Donald Trump a pour l’instant uniquement nommé ses deux plus proches collaborateurs, le futur secrétaire général de la Maison Blanche, le très lisse Reince Priebus, et un haut conseiller en charge de la stratégie, Steve Bannon, patron du site d’extrême droite Breitbart, si controversé que les démocrates réclament sa démission.

Au moins 169 élus démocrates de la Chambre des représentants ont signé une lettre demandant à Trump de renvoyer M. Bannon, dont la nomination « sape directement notre capacité à unir le pays », selon eux.

Après être resté quasi cloîtré depuis huit jours dans ses luxueux appartements de la Trump Tower, le milliardaire devait poursuivre ses consultations vendredi dans son très chic terrain de golf de Bedminster, dans le New Jersey, à 80 km de sa tour de la 5e Avenue.