François Fillon durant son meeting au Palais des Congrès de Paris, vendredi 18 novembre. | BERTRAND GUAY / AFP

Pour les partisans de François Fillon, le doute n’est plus permis : leur champion sera qualifié pour le second tour de la primaire de la droite et, quel que soit son adversaire, sera son candidat à l’élection présidentielle. Pour son dernier meeting de campagne, vendredi 18 novembre au Palais des Congrès de Paris, les 4 000 supporteurs présents dans le grand amphithéâtre étaient littéralement galvanisés.

Et lui-même, sans se départir de son indéfectible retenue, a laissé percer comme un sentiment de jouissance, donnant à son discours un souffle, presque une exaltation, inhabituel. « Il nous a surpris, reconnaissait à la sortie l’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer. Ce n’est pas le plus lion que l’on connaisse mais, là, on sent qu’il est habité, transcendé. »

Il y a de cela quelques semaines à peine, le député de Paris était largement distancé dans les sondages par les deux favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, cantonné à se disputer la place de troisième avec Bruno Le Maire. « Je n’y aurais pas cru il y a trois semaines. Je n’ai jamais vu un tel retournement, même en 1995 avec Chirac, confie M. Accoyer. Il ne faut pas se le cacher. L’équipe se questionnait pour savoir ce qu’on allait faire au soir du premier tour. Là, maintenant, la feuille de route est toute tracée. On remet la gomme pour le second tour. »

Le candidat rentre dans le match et assène les coups

Avec M. Fillon, grand amateur de bolides, la métaphore automobile revient fréquemment. « La formule 1 Fillon est lancée à toute vitesse. Ses concurrents l’ont vu trop tard dans le rétroviseur », a lancé le président du groupe Les Républicains du Sénat, Bruno Retailleau, pendant le tour de chauffe. Et l’ancien premier ministre, s’adressant à son public, a embrayé :

« Je suis le pied sur l’accélérateur mais je vous demande aussi d’enclencher le turbo. Foncez, balayez les scénarios écrits par d’autres que vous. »

Dans son discours, le candidat s’est presque avoué surpris lui-même par la dynamique nouvelle qu’a prise sa campagne dans la dernière ligne droite. « Nous ne pensions pas être débordés par un tel succès », convient-il. A présent, « nous nous battons pour gagner ». « Tout commence vraiment », poursuit-il, comme s’il venait véritablement de passer dans une autre dimension, de rentrer dans le match.

Alors il boxe, éreinte François Hollande : « L’honneur et la sagesse voudraient qu’il renonce à se représenter, mais il ne le fera sans doute pas. » Et ne ménage pas ses adversaires, dont la principale caractéristique à ses yeux serait de ne susciter qu’un vote par défaut : « Il serait bien court de vouloir Alain Juppé pour ne pas avoir Nicolas Sarkozy et Nicolas Sarkozy pour ne pas avoir François Bayrou. »

Les thèmes de sa campagne ne changent pas. Cela fait des mois qu’il les porte sans dévier. L’ancien premier ministre fustige « trente années d’échecs et de renoncements ». A ses supporteurs, il promet de donner « tous les moyens de la réaction » et d’« enclencher la révolution du bon sens ». Il est « gaulliste », « séguiniste », « patriote », « souverainiste », « libéral », en appelle même à Giscard d’Estaing, se revendique des valeurs de la famille et de la chrétienté. La fin du discours est submergée par les « Fillon président ». A deux jours du premier tour de scrutin, il a rejoint la tête de la course.