Dans Alep-Est, le 8 novembre. | GEORGES OURFALIAN/AFP

Les forces rebelles syriennes risquent de ne pas pouvoir résister encore longtemps dans les ruines de l’est d’Alep où vivent encore quelque 250 000 civils. « Le temps est compté et nous menons une course contre la montre », a une nouvelle fois rappelé dimanche 20 novembre l’envoyé spécial de l’ONU Staffan De Mistura, qui met en garde contre une tragédie humanitaire avec l’exode des habitants de la ville vers la frontière turque.

La situation est en effet de plus en plus désespérée. Il y a les obus, les bombes russes et les barils d’explosif largués par l’aviation du régime. Il y a la faim. Et il y a aussi une équation internationale de plus en plus défavorable pour la révolution syrienne après la victoire de Donald Trump aux élections américaines et la percée de François Fillon aux primaires de la droite française.

Ces deux pays avaient été jusqu’ici avec le Royaume-Uni les principaux soutiens occidentaux du soulèvement anti-Bachar. Certes l’administration Obama s’est contentée d’un soutien a minima car elle était opposée à toute nouvelle aventure militaire en Orient. A l’été 2013, elle avait au dernier moment renoncé à mener les frappes aériennes contre le régime qui avait pourtant franchi « la ligne rouge » fixée par le président américain en utilisant l’arme chimique contre sa propre population. Cette dérobade a profondément décrédibilisé Washington aussi bien en Syrie qu’au Moyen-Orient et encouragé les surenchères de Vladimir Poutine.

Fillon face au « totalitarisme islamique »

Paris en revanche gardait le cap rappelant haut et fort que « Bachar ne pouvait incarner l’avenir de la Syrie » même si, concrètement, la diplomatie tricolore ne peut guère aller au-delà d’une indignation aussi méritoire que vaine. Elle fait néanmoins entendre sa voix et presse aussi au Conseil de sécurité pour que le régime soit sanctionné pour son usage des armes chimiques répertorié au moins trois fois par les enquêteurs de l’ONU et de l’Organisation internationale contre les armes chimiques qui accusent aussi l’organisation Etat islamique.

Tout cela pourrait changer si, dans quelques mois, François Fillon entrait à l’Elysée. Il a en effet plusieurs fois répété que, face au « totalitarisme islamique », il faut rassembler « toutes les forces possibles, tous les Etats possibles, qu’ils soient démocratiques ou non ». Et donc aussi avec Bachar Al-Assad.

Le régime syrien et ses parrains de Moscou comme de Téhéran, un moment inquiets de devoir faire les comptes avec une Hillary Clinton plus engagée sur le dossier que son prédécesseur, savent maintenant que le temps joue en leur faveur. Moscou sera bientôt en passe d’empocher les dividendes politiques d’une intervention lancée en septembre 2015 : celle-ci a réussi à totalement changer la donne, avec relativement peu de moyens sur le terrain.

Service minimum de la Maison Blanche

Mais avant même l’installation de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier 2017, l’administration Obama en fin de règne semble résignée à un service minimum sur la Syrie. Et le président sortant reconnaît « ne pas être optimiste sur les perspectives à court terme » en Syrie. « Une fois que la Russie et l’Iran ont décidé de soutenir Assad avec une campagne aérienne brutale et une pacification d’Alep sans tenir compte des victimes civiles, des enfants tués ou blessés (…) il est très difficile de voir un moyen par lequel une opposition modérée même entraînée puisse défendre durablement son territoire », a-t-il déclaré à Lima à l’issue du sommet de coopération Asie-Pacifique.

M. Obama s’était à cette occasion entretenu très brièvement avec son homologue russe de la Syrie l’incitant à des efforts accrus pour limiter les violences et les souffrances de la population. Il avait lancé un appel similaire depuis Berlin à l’issue de sa tournée d’adieu en Europe, la semaine dernière. C’est un constat de totale impuissance même si le Conseil de sécurité devait à nouveau se réunir lundi 21 novembre au soir à New York. Le veto de la Russie a jusqu’ici bloqué toute initiative déplaisante sur le dossier syrien. La reconquête par les soudards du régime ne semble plus être qu’une question de semaines.