Des affiches électorales du candidat Jovenel Moise of PHTK en novembre. | ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

« C’est une victoire de la démocratie et une réussite pour le pays, la journée s’est déroulée dans la sérénité, sans incident majeur », a déclaré le président du conseil électoral provisoire (CEP), Léopold Berlanger à l’issue du scrutin qui se tenait ce dimanche en Haïti.

Les incidents ont été peu nombreux : seuls 43 fauteurs de troubles ont été arrêtés sur l’ensemble du territoire, a annoncé la police. Les habitants du sud d’Haïti, dévasté par le cyclone Matthew il y a un mois et demi, ont voté, selon le le président du CEP. « Peut-être même plus que d’autres départements », a-t-il dit.

Le seul endroit où le scrutin n’a pu se tenir est la localité de Roseaux, dans la Grande Anse, où une rivière en crue a empêché l’acheminement du matériel électoral. Les hélicoptères envoyés en renfort n’ont pu se poser à cause de vents violents.

Faible participation

Les « pays amis » d’Haïti, dont les Etats-Unis et les membres de l’Union européenne, qui ont refusé de financer ce nouveau scrutin, ont gardé un profil bas. Seule l’Organisation des Etats américains (OEA) a envoyé 130 observateurs. « Nous nous réjouissons de voir que le processus se déroule normalement et sans violence », a déclaré l’Uruguayen Raul Ferreira, le chef de la mission de l’OEA, à la sortie d’un bureau de vote de la commune de Delmas, jouxtant Port-au-Prince.

Epuisée et désorientée par un processus électoral qui a débuté en août 2015, la population a largement boudé les urnes. Quatre heures après l’ouverture du scrutin, seules quinze personnes, sur 570 inscrits, avaient voté au bureau N°7 du lycée de Cité Soleil, le plus grand bidonville de la capitale. « Beaucoup d’électeurs sont chrétiens et vont à l’église, peut-être viendront-ils plus tard », espérait Jean Alex Zamor, président d’un bureau de vote déserté.

« La bataille n’est pas finie, reste la deuxième mi-temps, l’annonce des résultats, au maximum dans huit jours, et leur acceptation démocratique », a souligné M. Berlanger. En octobre dernier, la journée électorale avait été calme mais la situation s’était gâtée après le dépouillement et les accusations de fraude massive qui avaient provoqué l’annulation du scrutin. Le conseil électoral a acquis de nouveaux isoloirs, un stock d’encre indélébile et a mis en place un contrôle des « mandataires », les représentants des partis pour éviter de nouvelles fraudes.

Parmi les 27 candidats en lice pour la présidence, les quatre noms les plus souvent cités par les électeurs à la sortie des bureaux de vote étaient ceux de Jovenel Moïse, l’héritier de l’ancien président Michel Martelly, de l’ingénieur Jude Célestin, qui fut le dauphin de l’ancien président René Préval, de Maryse Narcisse, la protégée de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide et de Moïse Jean-Charles, un ancien sénateur se réclamant de la gauche. Si aucun candidat n’obtient plus de 50 % des suffrages ou plus de 25 points que le deuxième, un second tour aura lieu le 29 janvier 2017.