L’étude des résultats du premier tour de la primaire de la droite, au-delà de l’écrasante victoire de François Fillon, révèle quelques enseignements sur les zones de force ou, à l’inverse, d’effondrement des principaux candidats.

Le succès de François Fillon ne souffre aucune contestation, mais il est particulièrement marqué dans les terres de l’ouest de la France. Sur les douze départements où il obtient ses plus forts scores, dix sont situés en Bretagne ou dans les Pays de la Loire. Sans surprise, il recueille son meilleur résultat dans le département de la Sarthe avec près de 78,5 % des suffrages, avec un pic de 92,4 % dans son fief de Sablé-sur-Sarthe. Vient ensuite la Mayenne avec 63,7 % des voix. Il dépasse ainsi la majorité absolue dans huit départements.

Son rival du second tour, Alain Juppé, semble quant à lui avoir bâti ses fondations dans le Sud-Ouest. Sur les dix départements métropolitains lui accordant ses meilleurs scores, huit appartiennent à la région Nouvelle-Aquitaine, à commencer par la Gironde, seul département où il dépasse la majorité absolue avec 55,3 % des suffrages. Bien que devancé par François Fillon, il obtient cependant un score confortable de 36,7 % à Paris. Surtout, il crée la surprise en Seine-Saint-Denis où il arrive en tête avec 36 % des voix. Le maire de Bordeaux obtient son meilleur score en métropole à La Courneuve avec pas moins de 83 % des suffrages. A noter également que l’ancien premier ministre arrive largement en tête chez les Français de l’étranger, avec 45,5 % des voix, devant François Fillon (37,3 %) et Nicolas Sarkozy (8,7 %).

Match dans le match

La défaite de Nicolas Sarkozy est générale. Hormis Mayotte et La Réunion, les deux seuls départements métropolitains où il arrive en tête sont la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, où il obtient respectivement 48,9 % et 39,3 % des suffrages. S’il dépasse la barre des 30 % dans les Alpes-Maritimes, considérées comme son bastion, ainsi que dans le Var et les Pyrénées-Orientales, ou l’approche dans l’Aube, le département de François Baroin à qui était promis Matignon en cas de victoire, et dans les Bouches-du-Rhône, il y reste malgré tout devancé par François Fillon. Encore plus surprenant, le score de 14,9 % que l’ex-président de la République recueille dans le département de Seine-Saint-Denis où il a construit sa carrière politique.

Au total, sur les 9 508 bureaux de vote dépouillés dimanche soir, Fillon arrivait en tête dans 7 787 d’entre eux, Juppé dans 1 150 et Sarkozy dans 565, les 6 autres se partageant entre Jean-François Copé (3), Bruno Le Maire (2) et Jean-Frédéric Poisson (1).

Un autre match dans le match s’est joué au fil de la soirée électorale pour dégager celui ou celle qui prendrait la quatrième place. En effet, celui qui rêvait un moment de devenir le troisième homme de la primaire a dû vite déchanter. Relégué dès les premiers résultats à un piètre 3 %, Bruno Le Maire a vu son score continuer à régresser au fur et à mesure qu’arrivaient les résultats des bureaux de vote plus importants, jusqu’à se faire rattraper puis dépasser par Nathalie Kosciusko-Morizet. Si cette dernière ne devance le député de l’Eure que dans une minorité de départements (32) et de circonscriptions (252), elle obtient ses meilleurs scores dans les plus peuplés d’entre eux : Paris avec 4,35 % des voix et tous les départements d’Ile-de-France ainsi que le Rhône à plus de 3 %. Mais c’est dans une petite île du Morbihan, l’île d’Arz, qu’elle réalise son record avec 16,1 % des… 62 voix exprimées. Tandis que Bruno Le Maire a établi son propre record à Ghisonaccia (Haute-Corse), avec un score de 41,5 %.

Jean-Frédéric Poisson, lui, fait encore un peu mieux à Saint-Martin-des-Besaces, dans le Calvados, avec 42,8 % des voix. Mais cela ne porte que sur 7 voix ! Alors que Jean-François Copé peut se targuer d’avoir obtenu son meilleur résultat dans un des bureaux de la ville de Meaux, dont il est le maire, avec 32,9 % des suffrages. Insuffisant pour permettre à l’ancien président de l’UMP de dépasser 0,3 % des voix sur l’ensemble des bureaux de vote du territoire, devancé même par Jean-Frédéric Poisson qui en recueille 1,5 %. Dur, dur…