Le premier ministre Binali Yildirim, à Ankara, le 16 novembre. | ADEM ALTAN / AFP

Plus de 15 000 fonctionnaires supplémentaires ont été limogés par le gouvernement turc dans le cadre de la purge lancée à la suite de la tentative de coup d’Etat en juillet, selon deux décrets parus mardi 22 novembre au Journal officiel.

Selon ces décrets, 15 726 personnes ont été limogées, dont près de 7 600 membres des forces de la sécurité intérieure, 2 700 du ministère de l’intérieur et quelque 1 200 du ministère de l’enseignement. Par ailleurs, 550 associations, 9 médias et 19 structures médicales privées ont été fermés par ces décrets.

Ces mesures sont prises dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite de la tentative de putsch. Les autorités turques accusent le prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, d’avoir ourdi le coup d’Etat, ce que l’intéressé dément.

Plus de 35 000 personnes arrêtées

Depuis le putsch manqué, plus de 35 000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plusieurs dizaines de milliers de professeurs, policiers et magistrats, notamment, ont été limogés ou suspendus.

Vingt employés de la prison de Silivri (Nord-Ouest), dont le directeur, ont été placés en garde à vue mardi, soupçonnés d’utiliser une application de messagerie sécurisée prisée des gulénistes.

D’une ampleur inédite en Turquie, cette purge suscite l’inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie et d’organisations de défense des droits de l’homme qui redoutent que l’état d’urgence en vigueur ne serve de prétexte pour réprimer toute voix dissidente.

L’Union européenne a vivement critiqué l’arrestation de députés prokurdes et de journalistes d’opposition, ce qui a suscité la colère du président Recep Tayyip Erdogan, qui a évoqué un référendum pour décider de poursuivre ou non les négociations d’adhésion au bloc européen.

Mandat d’arrêt contre le leader kurde syrien

Les autorités turques ont émis mardi un mandat d’arrêt contre Salih Muslim, coprésident du Parti de l’union démocratique (PYD, kurdes syriens), en lien avec un attentat commis à Ankara en février, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.

La justice turque a demandé l’arrestation de 48 personnes, dont les leaders du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes turcs), une organisation classée « terroriste » par Ankara. La branche armée du PYD, groupe également considéré comme « terroriste » par la Turquie, fait partie d’une coalition arabo-kurde combattant les djihadistes de l’organisation Etat islamique en Syrie avec l’appui de Washington.