Campagne de la primaire de la droite. Meeting de François Fillon, Eurexpo Lyon, mardi 22 novembre. | ROMAIN ETIENNE / ITEM POUR "LE MONDE"

Vainqueur du premier tour de la primaire de la droite organisé le dimanche 20 novembre avec 44,1 %, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a remporté l’adhésion d’électeurs attachés aux références chrétiennes séduits par ses propos conservateurs.

Pour l’historien Christophe Naudin, la victoire de François Fillon « s’explique en partie par une adaptation récente de son discours au contexte actuel, notamment à droite, basé sur la crainte des attentats et de l’islamisme et le repli identitaire d’une part des Français, qui voient dans l’islam politique, voire dans la religion musulmane tout court, une menace pour l’identité de la France ». La droite la plus conservatrice s’est donc retrouvée dans son programme économique libéral, La Manif pour tous prenant acte de ses « positions contre l’interruption volontaire de grossesse et l’adoption plénière des couples homosexuels ». Christophe Naudin pointe le danger du projet identitaire de François Fillon, illustré par ses positions sur l’enseignement de l’histoire, qui relèverait d’’une « forme de catéchisme au service d’une identité nationale ».

Le sociologue ne dit rien d’autre quand il évoque « le soutien de la droite catholique qui a fait de lui son candidat ». L’explication réside, pour lui, dans « un mouvement historique de fond qui a façonné nos territoires, notre culture et notre rapport au politique. A savoir, la civilisation paroissiale ». L’ancien premier ministre de Sarkozy s’apposerait à ce dernier qui aurait « désacralisé la fonction de chef d’Etat ». Deuxième atout de François Fillon : il incarnerait une vision familiale – et traditionnelle - de la société. Troisième atout, le « provincialisme » de l’homme de terroir, le tout renvoyant à des électeurs socialisés dans une civilisation paroissiale aujourd’hui disparue, mais dont les caractéristiques sont inscrites dans leur ADN…

A lire sur le sujet :

Le projet « conservateur et dangereusement identitaire » de Fillon, par Christophe Naudin (professeur d’histoire-géographie en collège). Lorsqu’il parle d’islam ou d’histoire, François Fillon développe un propos qui n’est pas seulement conservateur, mais aussi proche du repli sur une France catholique.

Le succès de Fillon illustre « la résistance d’une France paroissiale et catholique », Par Olivier Bobineau (sociologue). Le succès de François Fillon s’explique en grande partie par les traces laissées par le terreau catholique, resté vivace dans une génération d’électeurs, malgré la déchristianisation.

A lire aussi :

Fillon et Juppé, deux visions de la société, par le service « Société ». Fillon incarne une droite catholique, défendant la famille traditionnelle. Son rival veut représenter une droite plus libérale, ouverte aux évolutions de la société.

Les « valeurs » de François Fillon ont séduit l’électorat catholique, par Cécile Chambraud. Le vainqueur du premier tour de la primaire a revendiqué son accord avec le pape et obtenu le soutien de Sens commun, un mouvement issu de La Manif pour tous.

Fillon-Juppé : touche pas à mon pape !, par Philippe Ridet. Les deux finalistes de la primaire de la droite ont tous deux invoqué leur proximité avec les enseignements du souverain pontife. A Rome, on préfère ignorer cette querelle.

Le rapport à l’Eglise de François Fillon et d’Alain Juppé. Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la primaire de la droite multiplient les adresses à l’électorat catholique.