Stéphane Guillon est au Théâtre Dejazet, à Paris, avant d’entamer une tournée en France et en Belgique début 2017. | Guillaume Perret/Opale/Leemage

Le 6 mai 2012, Stéphane Guillon, 52 ans, s’était retiré de la scène en distribuant des roses à son public de l’Olympia. Ses « jouets » privilégiés – Sarkozy et ses ministres – ayant perdu le pouvoir, l’humoriste s’était alors tourné vers le théâtre. Mais de l’affaire Cahuzac à l’aventure de la rue du Cirque, de l’épisode Leonarda aux promesses de « moi, président » jamais tenues, la matière était trop tentante pour qu’il ne reprenne pas le chemin du one-man-show. Dans son nouveau spectacle, Certifié conforme, le chroniqueur de « Salut les Terriens ! » sur C8 pose un ­regard décapant sur notre société en pleine déprime. La politique n’est pas son seul terrain de jeu. Terrorisme, religions, fin de vie, mariage pour tous, réseaux sociaux, théorie du genre, familles recomposées, relations parents-ados… sur tous ces sujets qui divisent et bousculent, ­Stéphane Guillon suscite un rire libérateur, une forme de thérapie collective.

« Certifié conforme », de et avec Stéphane Guillon, au Théâtre Dejazet à Paris, jusqu’au 31 décembre. Puis en tournée en France et Belgique à partir de janvier 2017.

Quelle époque auriez-vous aimé connaître ?

Être adulte dans les années 1970. La grande liberté de ces années-là. Boire et fumer sur les plateaux télé, conduire sans ceinture, etc. L’ambiance des films de Claude Sautet.

Une image de notre époque ?

La couleur de la Méditerranée fin août. Les sacs plastique, les détritus, la prolifération des méduses…

Un son de notre époque ?

Les voix d’ordinateur quand tu essaies de parler à une vraie personne… L’horreur !

Une expression agaçante de notre époque ?

« Je suis en mode »… Ou : « Je suis déter. »

Un personnage ?

Julian Assange. Pour son travail de vérité.

Un livre ou un film ?

Moi, Daniel Blake, le dernier long-métrage de Ken Loach. Un film que François Hollande devrait se faire projeter ­d’urgence dans sa salle ­de cinéma privée à l’Elysée.

Un slogan ?

« Hé oh la gauche ! » Plus con, c’est difficile.

Un bienfait de notre époque ?

Les produits bio.

Le mal de l’époque ?

Le buzz. La perpétuelle ­surenchère du buzz ­aux dépens du fond, de la ­vérité, de l’information.

C’était mieux avant…

… quand Georges Pompidou citait le poète Paul Eluard en conférence de presse. On était très, très loin de « Carla et moi, c’est du sérieux ! »

Ce sera mieux demain…

… quand la primaire de la droite aura eu lieu. On sera déjà ­débarrassé de six candidats… C’est un début. Il faut ­persévérer.