Les incendies ont touché la ville israélienne de Haïfa le 24 novembre. | JACK GUEZ / AFP

Près de cinquante mille personnes ont été évacuées, jeudi 24 novembre, de Haïfa, troisième ville d’Israël, fuyant les feux de végétation favorisés par la très grande sécheresse des derniers mois et des vents forts qui se succèdent dans le centre et le nord du pays depuis trois jours. Aucun mort n’a été rapporté jusqu’alors. Ce chiffre comprend les résidents évacués de leur maison, mais aussi d’institutions publiques comme les écoles ou l’université, a précisé la porte-parole de la municipalité.

Le porte-parole des pompiers a annoncé que l’état d’urgence avait été décrété pour la ville de 280 000 habitants, théâtre en 2010 du plus grave incendie de l’histoire du pays. Cela revient essentiellement à demander à la population de ne pas se rendre à Haïfa. Les secours ont dit avoir transféré dans les hôpitaux une soixantaine de blessés légers, la plupart souffrant de problèmes respiratoires.

L’armée a déployé deux bataillons et a rappelé des réservistes avec du matériel pour prêter main-forte aux pompiers et aux policiers. L’aéroport local a été fermé, selon son porte-parole. La police a ajouté qu’environ six cents détenus avaient été évacués des prisons sous forte escorte. Des flammes de plusieurs mètres ravageant la végétation menaçaient des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville mixte, juive et arabe.

D’autres sinistres étaient en cours en milieu de journée dans la périphérie de Jérusalem, à Nataf et à Sha’ar Hagai, mais aussi à Talmon, colonie israélienne de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, a rapporté la police, où trois cents enfants ont été évacués d’une école. Israël, sous-équipé face aux incendies de grande ampleur, devait recevoir dans la journée le soutien d’une dizaine d’avions envoyés de Russie, Turquie, Grèce, Italie, Croatie et Chypre.

Origine criminelle suspectée

Pour le ministre de la sécurité publique, Gilad Erdan, la moitié environ des incendies serait d’origine criminelle, commis soit par des pyromanes soit pour des raisons liées au conflit israélo-palestinien.

Environ 1,4 million d’Arabes israéliens (17,5 % de la population), descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël, en 1948, vivent dans le pays. Citoyens israéliens, ils se considèrent largement comme des Palestiniens et sympathisent avec leur cause. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent en outre quotidiennement en Israël, malgré la persistance de l’un des plus anciens conflits de la planète.

« Seuls ceux à qui la terre n’appartient pas sont capables d’y mettre le feu », a lancé sur Twitter un poids lourd du gouvernement de droite, le ministre nationaliste religieux Naftali Bennett.

La vague d’incendies en cours a réveillé le souvenir du sinistre le plus grave de l’histoire d’Israël, survenu à la fin de 2010, précisément sur les hauteurs de Haïfa, sur le mont Carmel. L’incendie avait dévasté pendant plus de trois jours plusieurs milliers d’hectares et avait fait quarante-quatre morts, pour la plupart des élèves gardiens de prison pris au piège des flammes à bord d’un autobus.