C’est à n’y rien comprendre. Après les mauvaises statistiques publiées jeudi 17 novembre par l’Insee, voilà que Pôle emploi donne, à nouveau, de bonnes nouvelles sur le front du chômage. Le recul est certes léger mais il est là.

Selon les chiffres rendus publics jeudi 24 novembre, par Pôle emploi et le ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a baissé de 11 700 au mois d’octobre. Soit moins 0,3 % par rapport au mois de septembre. Le nombre de chômeurs sans aucune activité et tenus de chercher du travail, catégorie la plus scrutée par les observateurs, atteint donc aujourd’hui 3,4 millions.

La « bataille » pour l’emploi est « longue » mais « porte ses fruits », a déclaré François Hollande en marge d’un déplacement à Open ClassRoom une plate-forme de cours en ligne. Lui qui avait conditionné une candidature à sa propre réélection à l’inversion de la courbe du chômage est ainsi quelque peu conforté. Une annonce qui tombe à point nommé, au moment où le chef de l’Etat s’apprête à se déclarer candidat à la primaire du PS, dans les prochaines semaines, selon son entourage.

Plus forte baisse annuelle depuis mai 2008

En tout, ils sont 101 300 à sortir du chômage depuis le début de l’année. Soit, écrit le ministère du travail dans un communiqué, « la plus forte baisse annuelle observée depuis mai 2008 ». « On ne doutait pas que la tendance était bien là. Nous avons passé la barre symbolique des 100 000 de moins et c’est très encourageant, explique-t-on dans l’entourage de Myriam El Khomri, ministre de l’emploi, on se rapproche doucement mais sûrement de la prévision Unedic [organisme gestionnaire de l’assurance chômage] qui voit le nombre de chômeurs baisser de 124 000 personnes en 2016. »

Bonne nouvelle, le chômage des jeunes, priorité de François Hollande, recule lui aussi : le nombre de jeunes demandeurs d’emploi a baissé de 7400 en octobre et de 43 000 en un an, selon les chiffres de Pôle emploi. Autre catégorie concernée, celle des demandeurs d’emploi de longue durée : en un an, ils sont 20 000 à sortir de cette situation d’extrême précarité.

Conditions macroéconomiques plus favorables

« Quel que soit le bout par lequel on le prend, c’est indéniable, le chômage baisse », affirme Bertrand Martinot, économiste et ancien délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle de 2008 à 2012. « Cette dynamique a été portée par l’ensemble des mesures de soutien à l’activité et au développement de l’emploi mis en œuvre depuis 2012, notamment le CICE, le Pacte de responsabilité et de solidarité et l’aide Embauche PME », insiste le ministère du travail dans un communiqué.

De fait, les statistiques de créations d’emploi ont été excellentes ces derniers trimestres. 210 000 postes ont été créés dans le secteur marchand par l’économie française sur les dix-huit derniers mois. Sur la période de juillet à septembre uniquement, l’économie française a ouvert 52 000 postes supplémentaires dans le privé. Le meilleur chiffre depuis 2008 (année de la crise), selon l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Pour Alexandre Delaigue, professeur d’économie à l’université Lille-1, l’amélioration de la situation française tient surtout à des conditions macroéconomiques plus favorables : « La situation macroéconomique n’est plus gelée, il n’y a plus l’incertitude qui régnait il y a quelque temps. Les entreprises et les ménages se sont peut-être aussi habitués à une croissance plus poussive, ils en ont pris leur parti. » Résultat, les seconds consomment un peu plus, remplissant les carnets de commandes des premiers.