Le site Duc de Chailley dans l’Yonne. | DUC

Nouvelle étape dans la restructuration du marché français de la volaille. Duc est prêt à changer de mains. Il pourrait passer sous pavillon hollandais. La société Plukon négocie en effet une prise de contrôle de la société bourguignonne.

Le communiqué est tombé mardi 22 novembre après la clôture de la Bourse. Il demandait la suspension du cours de Duc sur Euronext. Selon le texte publié alors, le volailler était « entré en phase finale de négociations avec un acteur industriel pour une opération significative sur l’ensemble de son périmètre ». Une opération permettant « d’assurer sa pérennité financière ».

L’annonce n’est pas en soi une surprise. La situation de Duc était délicate depuis de nombreuses années même si en 2015, le groupe avait renoué avec les bénéfices. Il réussissait à afficher un résultat net positif de 570 000 euros contre une perte de 3,78 millions d’euros un an plus tôt. Un résultat obtenu en partie grâce à des abandons de créance, prévus dans un protocole de conciliation négocié avec ses débiteurs. L’entreprise s’était, en effet, lancée depuis fin 2013 dans des démarches de restructuration financière.

Qualifié de « roi du poulet »

Duc avait à résoudre une équation complexe : être un acteur de taille moyenne sur un marché très concurrentiel. En 2015, son chiffre d’affaires de 180,6 millions d’euros était en recul de 2,5 %. L’entreprise, créée en 1991 à Chailley dans l’Yonne par Gérard Bourgoin, qualifié alors de « roi du poulet » était née d’un concept spécifique : produire un poulet « certifié » à mi-chemin entre le poulet label et le poulet standard.

Considérée comme la pépite du groupe, elle a été achetée en 2000 par Verneuil Finance, une société financière dirigée par l’homme d’affaires François Gontier, au moment où le volailler Bourgoin déposait le bilan et était dépecé.

Mais ce positionnement sur le moyen de gamme s’est finalement avéré assez complexe à gérer. Et le métier de volailler nécessite des moyens financiers pour maintenir la compétitivité des outils industriels et la pression marketing nécessaire au développement d’une marque comme Duc. Difficile quand la tension concurrentielle est forte. En 2012, la chute retentissante du groupe breton Doux, un temps leader européen de la volaille, a prouvé à quel point les concurrents étaient à couteaux tirés.

Situation financière encore tendue

A cette occasion, Duc s’est rapproché du groupe Avril, le géant français de la filière oléagineuse, alors appelé Sofiprotéol. Ils ont fait ensemble une offre sur un abattoir de Doux. Le volailler bourguignon a discuté d’une alliance plus large, espérant ainsi trouver une aile protectrice. Las. En octobre 2013, les deux partenaires mettaient fin à leur accord et Avril reprenait seul l’ex-abattoir de Doux.

La situation financière s’est encore tendue pour Duc, et l’apparition en novembre 2015 de cas d’influenza aviaire dans le Sud-Ouest de la France n’a pas arrangé la situation. Des marchés à l’export, comme la Chine ou l’Afrique du Sud, se sont immédiatement fermés. Résultat, les comptes du volailler bourguignon devraient retomber dans le rouge en 2016. Le 30 septembre, l’entreprise de Chailley a annoncé le départ de son directeur général Joël Marchand et son remplacement à partir de mi-décembre par Damien Calandre, actuel directeur industriel.

Dans ce contexte, le groupe cherchait plus que jamais à s’adosser à un partenaire. Le groupe LDC, leader français de la volaille, connu pour ses poulets de Loué, a affirmé qu’il n’était pas intéressé. Les discussions se sont donc ouvertes avec le néerlandais Plukon.

Le groupe, d’abord implanté aux Pays-Bas, a élargi son activité en Allemagne et en Belgique. Sur l’ensemble de ces trois pays, Plukon possède treize sites industriels dont huit abattoirs, et emploie 4 100 personnes. Selon les dernières données publiées, son chiffre d’affaires aurait atteint 1,3 milliard d’euros en 2014. Le néerlandais qui négocie une entrée majoritaire au capital de Duc serait prêt à investir 30 millions d’euros dont une partie en augmentation de capital pour redonner une compétitivité aux outils industriels.

Plukon, fait partie des acteurs qui exportent aujourd’hui des poulets vers la France. Des importations favorisées par la demande des entreprises de restauration collective et des industriels des plats cuisinés désireux d’obtenir des produits à bas prix. Elles représentent plus de 42 % de la consommation française de volaille.

Contre-offensive de LDC

Une tendance toujours très forte selon LDC. Le groupe sarthois, leader incontesté de la volaille en France, a choisi de lancer une contre-offensive. Il a repris il y a deux ans, les activités volaille du groupe Avril et s’était fixé comme objectif de reconquérir 20 % de ces importations soit 300 000 poulets par semaine. Il devrait être atteint mi-2017, avec six mois d’avance. LDC, qui a reconnu que le marché de la volaille était en baisse de 1,5 % au premier semestre 2016, dans la grande distribution, continue à gagner des parts de marché. Il bénéficie de la force de ses marques, que se soit Loué, Maître Coq et Le Gaulois. Et de sa diversification dans l’activité traiteur avec les marques Marie et Weight Watchers.

Entre le 1er mars et le 31 août 2016, le chiffre d’affaires de LDC a progressé de 3,2 %, à 1,734 milliard d’euros, et le résultat net de 11 %, à 63,6 millions d’euros, selon les chiffres publiés mercredi 23 novembre.