Documentaire sur France 5 dimanche 27 à 22 h 35

LES ARTISTES ET LE PARTI : 1945 - 1968
Durée : 01:32

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, cela tient de l’évidence. Auréolés d’un prestige exceptionnel pour leur participation ­décisive à la Résistance et à la li­bération du territoire, les commu­nistes incarnent une utopie, un idéal de générosité et d’amour universel nécessaire quand il faut panser les plaies et reconstruire un horizon de paix.

Qu’ils soient réellement liés au Parti communiste français (Aragon), simples adhérents (Fernand Léger prend alors sa carte de membre quelques mois après ­Pablo Picasso et tous deux la conserveront jusqu’à leur mort) ou sympathisants (si Prévert, avec malice, refuse d’être « mis en cellule », Gérard Philipe est un « compagnon de route » à l’engagement aussi précoce que constant, soucieux de rompre avec une compromission fasciste ­paternelle très lourde), les artistes se sentent une responsabilité sociale et politique que n’ébrèche que tardivement la politique de Moscou.

Les réalisateurs Yves Riou et Philippe Pouchain nous plongent dans l'histoire des artistes français "compagnons de route" du Parti communiste, de la Libération à 1968. | Flach Films

Les révélations quant à la nature du stalinisme passent pour de la contre-propagande, des « mensonges bourgeois », et si les artistes évitent l’adhésion – même Jean Ferrat ne sera jamais « encarté » –, les années 1950 résonnent de la fortune de l’éducation populaire, du TNP et du Festival d’Avignon, où Jean Vilar est soupçonné d’un philo­communisme trop tiède. Un paradoxe quand on voit le retournement de Sartre, qui, traité de « hyène dactylographe » par un émissaire soviétique en 1948, se rapproche de l’URSS dès 1951 – et l’image du duo glamour Montand-Signoret assure la meilleure des publicités lorsqu’il s’affiche à Moscou en 1956 comme en 1967.

Contre-propagande

La pertinence des analyses de l’historien Pascal Ory, la sincérité des témoignages qui ne dissimulent ni l’élan de l’adhésion initiale ni la déconvenue lorsque la révélation de la réalité soviétique et de l’impérialisme brutal qu’elle implique se fait inévitable, tout incline à recommander cette évocation dont on regrette juste la chute abrupte, la transition vers une autre utopie à la fin des années 1960 quand c’est le rapport à l’autorité et au pouvoir qui est remis en cause. Mais c’est l’objet d’un autre volet, ce documentaire ouvrant un ­triptyque sur les rapports entre les artistes et le pouvoir politique de 1945 à 1988.

Les Artistes et le Parti (1945-1968), de Philippe Pouchain et Yves Riou (Fr., 2013, 55 min).