Qui aurait imaginé qu’une émission scientifique devienne un jour un des plus anciens programmes de radio et, de surcroît, présenté par le même animateur ? « La Tête au carré » fête pourtant ses 10 ans d’antenne, anniversaire que France Inter honorera, mercredi 30 novembre, avec un numéro spécial de deux heures entre 20 heures et 22 heures, un horaire inhabituel pour ce rendez-vous quotidien du début d’après-midi.

Pour l’occasion, Mathieu Vidard a convié plus d’une cinquantaine de scientifiques. « On a reçu ceux qui avaient participé aux émissions, pour qu’ils racontent ce qui s’était passé dans l’univers scientifique depuis dix ans », détaille l’animateur de « La Tête au carré ». Une véritable gageure, « ils avaient très peu de temps pour parler, deux ou trois minutes chacun », observe-t-il. Résultat, l’émission dure près de deux heures quarante-cinq, le « rabe » sera disponible en podcast.

Rien ne prédestinait pourtant Mathieu Vidard à devenir le héraut de cette discipline. Et quand, en 2006, Frédéric Schlesinger et Bernard Chérèze, respectivement directeur délégué et directeur des programmes de France Inter, lui proposent de créer un programme scientifique sur France Inter, il s’étonne : « C’était culotté de leur part de me confier ce projet. Je n’étais absolument pas scientifique. J’ai eu 1 en maths au bac », se souvient-il. Mais ils avaient besoin de quelqu’un qui précisément ne connaissait pas les sciences, afin d’être à hauteur des auditeurs, de poser des questions qu’ils pouvaient eux-mêmes se poser.Aujourd’hui, je comprends un peu plus de choses. Quand on me parle de mathématiques, j’en maîtrise un centième. »

Les thèmes sont variés

Les mathématiques, l’asymétrie, l’ordinateur quantique, l’univers invisible, les extinctions animales, les thèmes de l’émission sont variés. « Il faut trouver les bonnes personnes, celles qui ont l’art d’expliquer ce qu’elles font, et s’appuyer sur d’autres ressorts, comme l’Histoire, ou se raccrocher à des thèmes comme la poésie ou l’esthétique. Il y a tellement de domaines dans les sciences que l’on peut trouver un spécialiste pour tout », s’enthousiasme Mathieu Vidard.

« Une nouvelle génération de passeurs et de vulgarisateurs arrive »

Un bon sujet de radio, c’est avant tout la bonne personne, celle qui va savoir raconter de façon agréable des sujets complexes. « C’est de plus en plus facile à trouver, même si les Français possèdent moins cette culture de la communication que maîtrisent les Anglo-Saxons ou même les Québécois. Néanmoins, avec le développement d’Internet et des chaînes sur YouTube, il y a énormément de jeunes scientifiques qui adorent cet exercice. Une nouvelle génération de passeurs et de vulgarisateurs arrive », juge Mathieu Vidard.

Depuis dix ans, « La Tête au carré » a évolué. En plus du grand dossier, des chroniqueurs viennent parler de médecine, d’environnement… L’émission débute avec les brèves d’Axel Villard. « Pour montrer le dynamisme de la recherche, les nouvelles publications, les grandes découvertes et être ancré dans l’actualité », précise Mathieu Vidard, pas désireux de rendre son tablier. « Je m’entoure de journalistes qui pourraient reprendre l’émission, mais j’aime tellement ce que je fais… Après, je peux imaginer d’autres formes, comme mettre des scientifiques sur scène, comme pour l’émission des 10 ans ou les mélanger avec des artistes », indique-t-il.

Homme de radio, Mathieu Vidard, qui a déjà animé la série documentaire « J’ai marché sur la terre » sur France 2, aimerait développer une émission pour la télévision. Il a présenté plusieurs projets qui pourraient aboutir dans les prochains mois.

« La Tête au carré » fête ses 10 ans, mercredi 30 novembre, de 20 heures à 22 heures, sur France Inter.