La presse française salue la large victoire de François Fillon, désormais favori pour le deuxième tour élection présidentielle le 7 mai 2017. | JOEL SAGET / AFP

Dans son édition du lundi 28 novembre, Le Parisien n’hésite pas à parler de « triomphe par KO » pour décrire la large victoire de François Fillon face à Alain Juppé. Un succès « avant tout idéologique », écrit dans La Dépêche du Midi Jean-Claude Soule qui y voit une  « victoire sur le modernisme ambiant, le clinquant et le bling-bling, sur le culte du consensus, sur cette permissivité soixante-huitarde dont nous sommes peu ou prou les enfants mais dont nous voyons, jour après jour, les dérives et les fourvoiements. »

La Voix du Nord souligne de son côté le succès de l’exercice de la primaire à droite, une première dans son histoire. « De cette primaire, la droite aurait pu ressortir déchirée comme au lendemain de la guerre Fillon - Copé pour la présidence de l’UMP, commente Hervé Favre dans La Voix du Nord. Mais la famille a appris de ses erreurs et même si les propos de campagne ont été parfois très durs, le rassemblement derrière le vainqueur paraît bien en marche. »

Enthousiasme de rigueur aussi au Figaro qui titre « Objectif Elysée ». Alexis Brézet y salue la victoire d’un « libéral tempéré » et « conservateur éclairé ». Mais si François Fillon « peut savourer son triomphe », prévient le journaliste, la « radicalité « hautement revendiquée du projet victorieux ne doit pas se perdre une fois de plus dans l’éternel triangle des Bermudes de la vie politique ».

Même avertissement de la part de Nicolas Beytout dans L’Opinion : « A lui de faire vivre son offre libérale, de la faire porter par sa famille politique, de la traduire auprès de l’opinion publique pour que les Français comprennent et admettent enfin la possibilité du redressement ».

Et la tâche s’annonce ardue comme l’explique Frédéric Barillé dans Le Maine libre, faisant allusion au programme d’austérité du candidat, né au Mans. « Car si la France veut la vérité, comme le dit l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, elle ne saute quand même pas de joie à l’idée de sa purge censée la mener vers le plein-emploi. »

Rassembler au delà de son camp

« Il devra démontrer que son fameux logiciel n’est pas celui d’une disquette des années 70, ni celui de Margaret Thatcher, ni d’un jacobin rabougri », commente Alain Dusart de L’Est républicain, confirmant que le plus dur commence pour le candidat de la droite.

Il faudra pour entrer à l’Elysée rassembler au-delà de ceux qui ont lui fait confiance pendant la primaire. C’est l’analyse de Jean-Louis Hervois dans La Charente libre : « Le triomphe de François Fillon consacre une stratégie de conquête. Il n’ouvre pas d’horizons politiques nouveaux. (...) Il s’appuie sur le socle le plus solide de l’électorat de droite. C’est sa force et sa faiblesse. »

C’est justement ce qui pourrait gêner la marche en avant de M. Fillon selon Libération. Le quotidien de gauche évoque le « paradoxe » du succès de celui qui « a aujourd’hui réuni son camp mais va demain cliver son pays ».

La Croix, comme d’autres titres, met en avant le changement de statut du député du Paris, leader inattendu. « La mue d’un solitaire en rassembleur » pour le quotidien catholique, « Droopy s’est mué en pitbull » titre Le Parisien, « Mr Nobody s’est fait un nom » annonce L’Alsace, « il était l’outsider, pour la présidentielle, il est le favori », juge Le Figaro.

Cette position de favori doit beaucoup à la division de la gauche relevée par l’ensemble de la presse française. « La primaire a créé une puissante dynamique (...) Pour la gauche, balkanisée et distanciée, le temps presse », fait valoir Michel Urvoy dans Ouest France. La droite « a son candidat et elle est rassemblée derrière lui. La gauche, en miroir, est éclatée », lui fait écho Bernard Stéphan de La Montagne. « L’atomisation de la gauche participera grandement à l’avenir de Fillon », résume Didier Rose dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace.