Sylvia Pinel, à Paris, le 26 novembre. | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Et de sept. A l’heure où la droite resserre les rangs autour de François Fillon, son désormais candidat à la présidentielle, la gauche continue de se diviser. Samedi 26 novembre, une nouvelle prétendante a annoncé sa volonté de s’aligner sur la ligne de départ en 2017 : Sylvia Pinel, pour les radicaux de gauche. Elle rejoint Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot (EELV), Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (LO), sans oublier le candidat qui sera désigné au terme de la primaire du Parti socialiste, prévue fin janvier.

Lors d’une convention nationale du PRG, qui s’est tenue à Paris, l’ancienne ministre du logement a été investie, par 344 voix contre 46 et 18 abstentions. Il y a cinq ans, les radicaux de gauche avaient adopté une stratégie différente en choisissant d’envoyer Jean-Michel Baylet à la primaire du PS.

« Le PRG doit prendre toutes ses responsabilités et faire entendre sa voix, a justifié Mme Pinel, qui ne souhaitait pas participer à la primaire, position défendue par certains élus de son organisation. Je ne veux pas me compromettre et nous compromettre dans des combats de courants. Le PS fait le choix de préserver ses équilibres internes, ce choix peut conduire la gauche de gouvernement à sa perte, ce choix ne peut pas être le nôtre. »

Cette décision permet surtout au PRG d’éviter une hémorragie de ses élus, dont certains se disaient prêts à rallier Emmanuel Macron. « Il faut qu’il y ait une gauche » représentée à l’élection de 2017, a justifié la présidente des radicaux, fustigeant le positionnement de M. Macron « qui ne se dit ni de droite ni de gauche ». Cette décision ne serait d’ailleurs pas pour déplaire à l’Elysée, où l’on souligne la difficulté que va avoir l’ex-ministre à rassembler les 500 signatures nécessaires pour se présenter si les ralliements espérés ne sont pas au rendez-vous.

Les communistes, eux, ont renoncé à présenter un des leurs en 2017. Samedi, les militants ont choisi à 53,6 % des voix d’appeler à voter pour M. Mélenchon, tout en menant « une campagne autonome ». Plus de 40 000 adhérents à jour de cotisations se sont exprimés. Ce score, très serré, vient contredire celui des cadres de la formation dirigée par Pierre Laurent. Le 5 novembre, ces derniers avaient opté à 55,7 % pour une candidature du PCF, mettant en minorité leur direction. Mais les militants avaient le dernier mot.

« C’est une majorité, pas un raz-de-marée, commente Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Ça montre des communistes en responsabilité, très préoccupés, qui n’ont pas voulu rajouter un bulletin de vote à une gauche déjà très divisée. » Pour Alexis Corbière, porte-parole de M. Mélenchon, il s’agit d’« une bonne nouvelle ». « C’est la conséquence de la dynamique construite depuis février, juge-t-il. Toutes les énergies sont les bienvenues pour faire cette campagne. »

Si ce vote peut sembler une victoire pour M. Mélenchon, il pourrait aussi s’avérer encombrant. Cela devrait certes lui faciliter la tâche pour sa quête des 500 parrainages, mais on est loin des conditions qui avaient amené les communistes à soutenir le fondateur du Parti de gauche en 2011 et à créer une dynamique qui s’était soldée par un score de 11,1 % des voix l’année suivante.

Cinq ans plus tard, ce vote montre une formation plus fracturée que jamais. Une partie des troupes communistes devrait faire campagne pour le candidat du mouvement La France insoumise mais une autre pourrait traîner les pieds. A quoi ressemblera la « campagne autonome » annoncée par le PCF ? Comment faire comprendre le « soutien critique mais constructif » revendiqué par M. Dartigolles ? Autant de questions auxquelles il va falloir trouver rapidement des réponses.