Une séquence se termine pour François Fillon avec sa victoire à la primaire de la droite, dimanche 27 novembre. Mais très vite, le nouvel homme fort va devoir s’atteler à régler plusieurs dossiers : la direction du parti Les Républicains (LR), les investitures aux législatives, la composition de son équipe de campagne…

  • Mettre le parti en ordre de marche et « régler » le cas Wauquiez

C’est une des questions que devra trancher François Fillon : qui va diriger le parti lors de sa campagne pour la présidentielle ? Les statuts de LR prévoient que le vainqueur de la primaire a toute latitude pour installer la direction de son choix. Autrement dit, François Fillon nommera qui il voudra à la tête de l’appareil.

Principal menacé : Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et actuel président par intérim de LR. Cet ambitieux, qui avait soutenu M. Fillon dans son duel fratricide face à Jean-François Copé fin 2012, avant de le lâcher pour soutenir M. Sarkozy pour la primaire, semble sur la sellette. Si son sort n’avait toujours pas été tranché dimanche soir, les premiers échos venus de la garde rapprochée de M. Fillon laissent penser que le jeune loup, jugé peu fiable, est sur le départ.

« La présidence du parti doit incarner le rassemblement », souligne un filloniste. « Il faut un lien de confiance entre le candidat et le parti », insiste un autre, alors qu’un troisième se retient de critiquer M. Wauquiez, en lâchant : « L’impératif du rassemblement exige parfois de décaler quelques déclarations… »

Seule certitude : le maire du Puy-en-Velay, qui incarne la ligne droitière de LR, souhaite rester à la tête du parti. Il répète « ne pas vouloir de poste au gouvernement » en 2017 car sa stratégie est claire : profiter de sa position de chef de parti pour briguer l’Elysée en… 2022. « En tant que président du parti, j’ai l’obsession du jour d’après. Le but, c’est la construction de l’alternance », a-t-il déclaré au Journal du dimanche, en se positionnant comme celui qui rêve de récupérer l’héritage idéologique de Nicolas Sarkozy. Et surtout ses électeurs.

Toute la journée de lundi, M. Fillon va mener des réflexions avec sa garde rapprochée et les principaux dirigeants du parti, afin de déterminer s’il maintient – ou non – la direction actuelle, dominée par les sarkozystes, tel le directeur général, Frédéric Péchenard. La composition de la commission nationale d’investiture (CNI), présidée jusqu’alors par le sarkozyste Christian Estrosi, pourrait aussi être modifiée. La décision devrait intervenir mardi après-midi, lors d’un bureau politique de LR. Avant, le candidat compte se rendre aux réunions des groupes LR à l’Assemblée et au Sénat, mardi matin, afin de s’entretenir avec les parlementaires de son camp.

  • Constituer son équipe de campagne

Autre dossier épineux à régler assez rapidement pour M. Fillon : la constitution de son équipe de campagne. Le défi sera d’intégrer aux membres de sa garde rapprochée les nouvelles recrues issues des écuries concurrentes. Les fidèles de sa campagne pour la primaire devraient jouer un rôle déterminant dans celle pour 2017. Parmi eux figurent son directeur de campagne, Patrick Stefanini, qui devrait le rester ; les porte-parole, Jérôme Chartier et Valérie Boyer ; les élus de poids comme le président du Sénat Gérard Larcher, le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau et l’ex-président de l’Assemblée, Bernard Accoyer ; ainsi que les députés Serge Grouard, Isabelle Le Callennec ou Thierry Mariani.

« L’ouverture » devrait aller jusqu’aux sarkozystes, comme Eric Ciotti, Eric Woerth ou Luc Chatel, qui ont soutenu M. Fillon au lendemain du premier tour. Bruno Le Maire, qui a rejoint très rapidement le vainqueur, devrait également être payé en retour, ainsi que la trentaine de parlementaires proches de lui. Mais quid des juppéistes ?

  • Clore les investitures aux législatives

C’est un autre sujet brûlant. Fin juin, la CNI, dirigée par M. Estrosi, avait rendu ses arbitrages concernant les investitures aux élections législatives. A l’époque, Alain Juppé avait pesté contre le peu de places laissé à ses troupes, ainsi qu’aux centristes. Le parti avait alors décidé de « geler » les circonscriptions où un compromis était introuvable, en partant du principe qu’elles seraient de nouveau examinées par le vainqueur de la primaire en fin d’année.

Concrètement, sur les 577 circonscriptions existantes, il en reste 79 circonscriptions à attribuer car 473 ont été réservées à des candidats LR et 25 circonscriptions aux députés UDI sortants. Que fera M. Fillon ? Va-t-il attribuer l’intégralité des 79 circonscriptions disponibles aux centristes ? Et à quels centristes ? Pour l’instant, l’entourage du candidat jure ne pas avoir « encore tranché » ce sujet, qui « dépendra de l’avancée des discussions » avec les leaders du centre.

Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, qui a soutenu Alain Juppé, a félicité dimanche soir M. Fillon et proposera mardi à ses troupes d’engager avec lui « une discussion pour élaborer un projet législatif commun ». De son côté, Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, qui avait soutenu Bruno Le Maire, et a opté avec son parti cette semaine pour le député de Paris, a appelé à la construction d’un pilier centriste fiable, solide et loyal pour bâtir la majorité présidentielle de demain ».

Les discussions devraient être plus compliquées avec le président du MoDem, François Bayrou, qui a émis dimanche soir des doutes sur le projet de M. Fillon, tout en laissant planer la possibilité de se présenter en 2017. Ce dernier a laissé la porte ouverte aux centristes, en annonçant le 23 novembre qu’il y aurait « une marge de négociations » pour les investitures aux législatives avec ceux qui adhérent à son projet. Reste à savoir lesquels.