Willy Nyamitwe, porte-parole du président burundais, Pierre Nkurunziza, en février 2016. | STRINGER / AFP

La situation au Burundi est chaque jour plus instable. Lundi 28 novembre dans la soirée, le responsable de la communication présidentielle, Willy Nyamitwe, figure publique du pouvoir, a réchappé d’une tentative d’assassinat. « Hier soir, vers 21 h 30, alors que Willy sortait d’une réunion à la présidence et rentrait chez lui, il a été accueilli par un feu nourri et des explosions de grenades au moment où il s’engageait sur la petite route qui mène chez lui », dans le quartier de Kajaga, dans l’ouest de la capitale, Bujumbura, a rapporté un haut cadre de la présidence, sous couvert d’anonymat.

M. Nyamitwe, un des hommes les plus influents du Burundi et proche conseiller du président, Pierre Nkurunziza, a été légèrement blessé. Un autre responsable de la présidence a précisé que Willy Nyamitwe avait été blessé au bras et ajouté qu’un des gardes du corps du responsable de la communication présidentielle avait été tué et un autre touché.

La police assure que les assaillants, non identifiés, étaient embusqués dans une maison en construction. Aucun d’entre eux n’a été arrêté. Une enquête est en cours.

« Je remercie ceux qui me souhaitent prompt rétablissement, je vais bien mais [je suis] attristé par le décès d’un meilleur ami, le policier Gasongo », a tweeté mardi matin Willy Nyamitwe.

Alain-Aimé Nyamitwe, frère de Willy et ministre des relations extérieures et de la coopération internationale, a, lui, dénoncé sur Twitter « une nouvelle vaine tentative de perturber les institutions républicaines ».

« Grâce à Dieu, Willy Nyamitwe échappe de justesse à une tentative d’assassinat », a de son côté commenté sur le réseau social Albert Shingiro, ambassadeur du Burundi auprès des Nations unies.

Un troisième mandat controversé

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président, Pierre Nkurunziza, a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé, qu’il a obtenu en juillet de la même année au terme d’une élection boycottée par l’opposition. Les violences, qui ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 300 000 personnes à fuir le pays, ont été marquées par des assassinats de personnalités de haut rang, notamment des responsables militaires.

En avril, le ministre chargé des droits de l’homme, Martin Nivyabandi, et son épouse avaient été légèrement blessés dans une attaque à la grenade alors qu’ils sortaient d’une messe.
Le général Adolphe Nshimirimana, homme-clé de l’appareil sécuritaire et considéré comme le bras droit du président Nkurunziza avant son assassinat le 2 août 2015, est le principal responsable du régime à avoir été tué.

La tentative d’assassinat de M. Nyamitwe est la première depuis plusieurs mois visant un haut responsable burundais. Sur les réseaux sociaux, soutiens du pouvoir et opposants se sont rejeté la responsabilité de l’attaque.

Un rapport de l’Organisations des Nations unies (ONU) publié le 20 septembre accusait le gouvernement burundais d’être responsable de graves violations des droits et mettait en garde contre de possibles « crimes contre l’humanité » et un « grand danger de génocide ».

Samedi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l’appel du pouvoir burundais à Bujumbura, contre une commission d’enquête de l’ONU créée à la suite du rapport de septembre. De nombreux tweets de l’opposition ont dénoncé le caractère, selon elle, obligatoire de la manifestation.

Un rapport récent de la Fédération internationale des deoits de l’homme a par ailleurs noté la radicalisation et l’isolement croissant du régime, qui coupe les ponts avec la communauté internationale : en octobre, Bujumbura, vivement critiqué par l’ONU, a rompu toute coopération et surtout a annoncé son retrait de la Cour pénale internationale, entraînant plusieurs pays africains dans son sillage.

Risque de génocide au Burundi, selon l'Onu
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