Le président rwandais Paul Kagame, à Kigali, le 6 avril 2014. | EVAN SCHNEIDER / AFP

Il y a deux ans et demi, à la veille du 20e anniversaire des commémorations du génocide, le président rwandais Paul Kagame accusait la France d’avoir participé aux massacres des populations tutsi. Mardi 29 novembre, le procureur général du pays a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le rôle de vingt responsables français dans le génocide qui a fait 800 000 morts en cent jours parmi les Tutsi et Hutu modérés.

Dans un communiqué, le procureur général, Richard Muhumuza, indique :

« A l’heure actuelle, l’enquête porte sur 20 personnes qui, d’après les informations recueillies jusqu’à présent, sont tenues par l’organe de poursuite (judiciaire) de permettre de mieux comprendre leur rôle et de décider si elles seront poursuivies ou non. »

N’excluant pas que d’autres agents ou fonctionnaires français soient « appelés à assister l’organe de poursuite » au fur et à mesure que les enquêtes se poursuivent, M. Muhumuza écrit compter sur la coopération de la France :

« Les autorités compétentes du gouvernement français ont été formellement engagées et le bureau du procureur général s’attend à ce que ces autorités compétentes veuillent bien coopérer tout au long de cette enquête judiciaire sur la base de l’offre de la réciprocité. »

Relations diplomatiques tendues

Cette décision de la justice rwandaise devrait affecter les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, qui se sont opposés depuis vingt-deux ans à propos des accusations sur le rôle de Paris dans le génocide de 1994.

La tension entre les deux pays a notamment pour origine l’implication avant le génocide de la France, qui était alliée du régime hutu de Juvénal Habyarimana. L’avion du président rwandais avait été abattu le 6 avril 1994. Cet attentat avait été suivi par cent jours de génocide dans le pays.

En ce moment se déroule à Paris le procès en appel du Rwandais Pascal Simbikangwa pour « complicité de génocide » et « complicité de crimes contre l’humanité ». M. Simbikangwa est le premier Rwandais condamné en France pour le génocide des Tutsi en 1994 ; il avait été condamné en 2014 à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Le verdict de ce procès-fleuve de six semaines est attendu samedi 3 décembre.

Génocide rwandais : de quoi la France est-elle accusée ?

Génocide rwandais : de quoi la France est-elle accusée ?
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