Assemblage d’un Rafale à Mérignac (Gironde) | BENOIT TESSIER / Reuters

Cela n’a, paraît-il, rien à voir avec les élections américaines, même si Donald Trump a mis en garde ses alliés européens contre la faiblesse de leurs investissements dans la défense. Rien à voir, non plus, avec le projet d’armée européenne, un sujet tabou pour de nombreux pays.

La Commission de Bruxelles a, en tout cas, présenté, mercredi 30 novembre, un « Plan d’action » pour aider la recherche dans le domaine de la sécurité et amener les États à s’engager dans la « défense intelligente », celle qui générerait des économies d’échelle grâce à une mise en commun des équipements, un alignement des normes et la fin des coûteuses duplications entre les armées des États membres.

Selon une étude du Parlement de Strasbourg, une meilleure coordination des politiques d’armement pourrait rapporter de 25 à 100 milliards d’euros par an. À condition, toutefois, que soient vaincues les habituelles réticences des capitales, attachées au respect de la souveraineté dans ce domaine clé de la sécurité.

Création d’un « Fonds de la défense »

Bruxelles envisage, en tout cas, la création d’un « Fonds de la défense » dont le budget servirait, d’une part, à la recherche (électronique, robotique, cryptage…) et, de l’autre, d’instrument financier pour faciliter des achats en commun de matériels et réduire ainsi les coûts. La Commission estime que ce dernier volet pourrait mobiliser 5 milliards d’euros par an. Une estimation qui doit toutefois être « affinée », indique-t-elle. D’autant que les États membres seraient invités à fournir une part (non déterminée) de ce budget.

La recherche, elle, ne serait dotée que de 90 millions par an d’ici à 2020, mais 500 millions annuellement après cette date. Un chiffre qui devra, également, être confirmé : une partie importante des eurodéputés va manifester des réticences.

Pour arrêter la fragmentation de l’industrie européenne de la défense, promouvoir les investissements dans les PME et aider les start-up, Bruxelles propose, par ailleurs, d’amplifier les efforts de la Banque européenne d’investissement en vue d’améliorer l’accès de ce secteur aux moyens de financement, d’accroître la qualification des travailleurs et de moderniser les chaînes d’approvisionnement.

Enfin, la Commission entend développer un marché unique de la défense, pour aider les entreprises à accéder à d’autres marchés que nationaux et aider les États à obtenir le meilleur rapport qualité-prix.

Assurer l’autonomie stratégique de l’Europe

Le Conseil européen de décembre va examiner ce programme dont la réussite ne semble pas garantie même si la détérioration de la sécurité sur le continent et dans son pourtour a entraîné une prise de conscience : l’objectif de « protection » des Européens, voire de constitution d’une « superpuissance », est affirmé en permanence depuis des mois. La Commission insiste aussi sur la nécessité d’assurer l’autonomie stratégique de l’Europe, qui n’est plus certaine que les États-Unis maintiendront leur niveau actuel d’engagement sur le continent.

Le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg insiste, lui, sur la nécessité d’endiguer la fragmentation de l’industrie européenne. Il en résulte un retard technologique et un manque d’interopérabilité alors que, par ailleurs, les budgets militaires européens ont fondu globalement de 12 % en l’espace de 10 ans.