Les salariés de l’usine de cigarettes de la Seita à Riom dans le Puy-de-Dôme exprimaient depuis plusieurs mois leur inquiétude. A juste titre. La Seita, filiale française du groupe britannique Imperial Tobacco, a annoncé, mardi 29 novembre, vouloir se défaire de cette usine. De même que d’un site de recherche situé à Fleury-les-Aubrais (Loiret). Elle envisage également une réduction d’effectifs au siège de l’entreprise. Résultat, près de 339 emplois devraient être supprimés à l’issue de ce projet de restructuration. Soit près de 40 % des effectifs.

Pour justifier cette décision, la Seita évoque un déclin de la consommation de tabac en Europe. Elle avance un chiffre de réduction du nombre de fumeurs de 37 % entre 2002 et 2015 sur le continent. Et évoque même une chute de 44 % des achats en France sur cette période en volume.

Mais cette restructuration s’inscrit d’abord dans la logique financière d’Imperial Tobacco. Or, la Seita, ex-régie publique française des tabacs, avait fusionné en 1999 avec son homologue espagnol Tabacalera donnant naissance à Altadis. Lequel est tombé dans l’escarcelle d’Imperail Tobacco en 2008. Depuis, le périmètre de la Seita n’a cessé de se réduire.

A marche forcée

En 2004, l’usine de Carquefou, près de Nantes, qui fabriquait gauloises et gitanes blondes fermait ses portes. A la clé, 350 suppressions de postes. Aujourd’hui, la Seita souhaite se délester de l’usine de Riom spécialisée dans les petites séries qui emploie 239 personnes et du site de Fleury-les-Aubrais et ses 87 salariés. Officiellement, elle cherche un repreneur pour les deux sites en fixant la fin des activités au second semestre 2017.

Après cette nouvelle coupe claire, la Seita ne gardera qu’un dernier site de production en Corse près de Furiani, la Macotab. Il emploie une quarantaine de personnes et produit exclusivement pour le marché corse. Les cigarettes vendues sur le continent viendront de Pologne ou d’Allemagne. Elle conserve également une usine de traitement du tabac au Havre et son siège parisien dont les effectifs seront également allégés.

Une restructuration à marche forcée dans l’optique d’une amélioration des résultats du groupe britannique. Imperial Tobacco s’était d’ailleurs engagé le 8 novembre, lors de la publication de ses résultats annuels clos le 30 septembre 2016, à une nouvelle phase de réduction des coûts. Elle se chiffre à 300 millions de livres (354 millions d’euros) par an jusqu’en 2020. Sachant que le groupe cigarettier a présenté des résultats 2016 en croissance.

Pression concurrentielle

Si les volumes de tabac commercialisés par Imperial Tobacco ont baissé de 3 % sur un an, le chiffre d’affaires a, lui, progressé de 9,7 %. Il a atteint 7,167 milliards de livres. Quand au résultat opérationnel, il est en hausse de 10,4 %, à 3,54 milliards de livres

Mais la pression concurrentielle monte entre des géants du tabac lancés dans de grandes manœuvres de consolidation du marché. Ainsi, Imperial Tobacco s’est offert, il y a un an, les marques Winston et Kool pour renforcer ses positions aux Etats-Unis. Dernier mouvement en date : l’offre non sollicitée faite par British American Tobacco sur Reynolds fin octobre pour 47 milliards de dollars (44 milliards d’euros). Certains évoquent maintenant une possible offre de Japan Tobacco sur Imperial Tobacco… En attendant, le groupe britannique a annoncé qu’il allait renforcer ses investissements en privilégiant ses plus grandes marques. Sachant que la concurrence se renforce aussi avec le développement de nouveaux produits du tabac, comme la e-cigarette.