Michel Sapin ne sait pas quand François Hollande lèvera le suspens sur sa candidature mais il a une certitude : le chef de l’Etat est « le mieux placé pour rassembler la gauche » et « les Français » en vue de l’élection présidentielle de 2017. Invité mercredi 30 novembre de l’émission Questions d’info sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, le ministre de l’économie a assuré qu’« il y a une logique institutionnelle » à la candidature de François Hollande puisque c’est lui « qui est porteur d’un bilan » en ajoutant : « Ce bilan, même s’il n’est pas aujourd’hui apprécié à sa juste valeur, c’est le moins qu’on puisse dire, est un bilan porteur. »

L’ancien député de l’Indre a par ailleurs défendu le principe de la primaire, contestée par certains proches de François Hollande, en sous-entendant que si le chef de l’Etat se présentait à sa propre succession, il passerait très vraisemblablement par cet exercice. « Une fois que c’est décidé, (…) que tout ceci s’est fait dans un accord général, on ne va pas, tout à coup, dire que ces primaires n’ont plus d’intérêt », a estimé Michel Sapin en mettant en garde les opposants du président de la République. S’il n’y a pas de « candidature obligée », il ne peut y avoir non plus de « candidature empêchée », a-t-il prévenu.

« Ceux qui pensent qu’il peut y avoir une stratégie d’empêchement de la candidature d’un président de la République sortant commettent une erreur institutionnelle et une erreur politique ».

Le rôle de la doublure

Dans la foulée, ce très proche de François Hollande a reproché au président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, d’avoir commis « une erreur politique » en plaidant samedi dernier pour une primaire incluant François Hollande et Manuel Valls. « Dire qu’on accepte et, éventuellement même, qu’on encourage le fait que dans une primaire le président de la République et le Premier ministre puissent être concurrents, c’est une incongruité institutionnelle », a-t-il commenté en mettant la proposition du quatrième personnage de l’Etat sur le compte d’« émotions personnelles » qui « n’ont pas à dicter un jugement politique ».

Par contraste, Michel Sapin a singulièrement épargné le premier ministre qui, dimanche, dans un entretien au Journal du dimanche, avait semblé faire un pas dans la direction préconisée par Claude Bartolone avant de se rétracter le lendemain. Manuel Valls a été un « ministre de l’Intérieur exceptionnel ». il est un « excellent Premier ministre » qui « peut faire un excellent candidat à la présidence de la République », a jugé Michel Sapin en l’installant dans le rôle de doublure de François Hollande.

Le ministre de l’économie a par ailleurs esquissé les thèmes de la future campagne présidentielle. Pour lui, François Fillon, sorti vainqueur de la primaire, « coche toutes les cases à droite » que ce soit sur les sujets économiques et sociaux ou sur les thèmes de société. Le ministre de l’économie juge le projet économique et social du député de Paris « ultralibéral » et dangereux pour la société française. « Le mot de rupture veut dire aussi cassure, blessure. On ne réforme pas la sécurité sociale avec la brutalité que propose aujourd’hui François Fillon. On ne réforme pas les retraites avec une brutalité que François Fillon n’avait pas utilisée quand il était lui-même en situation de réformer les retraites », a-t-il fustigé en faisant l’éloge de la « France fraternelle » défendue la veille par François Hollande. Pour Michel Sapin, si le pays « doit être réformé », il ne peut l’être par la force.