Keith Richards, Mick Jagger, Ronnie Wood et Charlie Watts, lors de leur concert à la Havane le 25 mars 2016. | ALEXANDRE MENEGHINI/REUTERS

Quelques semaines après la parution d’un coffret en tirage limité de leurs albums des années 1960 en version mono – épuisé avant la période des achats de Noël – et Havana Moon, (Rolling Stones Records-Eagle Vison/Universal Music), souvenir sur CD et DVD de leur concert à Cuba le 25 mars, The Rolling Stones continuent d’occuper le terrain avec un nouvel album. Sur la couverture, pas de mention Rolling Stones, mais leur logo, une langue tirée, conçu en 1971 par le graphiste John Pasche, qui suffit à les identifier. Et juste un titre, Blue & Lonesome.

The Rolling Stones - Ride 'Em On Down
Durée : 03:18

Ce vingt-troisième album studio du groupe – sans prendre en compte les variantes des éditions pour le marché américain au début des années 1960 – avait été annoncé avant parution, le 2 décembre, comme un disque de blues. Pris par le versant électrique et urbain du genre, qui comme le rock’n’roll des origines a nourri les Stones. Du blues donc, sans mise au goût musical du jour (péché mignon du chanteur Mick Jagger) ou virage reggae (celui du guitariste Keith Richards). En douze reprises de thèmes, pour l’essentiel des années 1950 et 1960, écrits et/ou interprétés par Walter Jacobs, dit Little Walter, Chester Burnett, dit Howlin’Wolf, Willie Dixon, Samuel Maghett, dit Magic Sam, Jimmy Reed, Otis Hicks dit Lightnin’Slim…

Récréations blues

Le choix assez érudit évite dans la plupart des cas les classiques du blues ressassés à l’envi. Dans les notes qui présentent en quelques lignes chaque morceau, les Stones prennent d’ailleurs un malin plaisir à souligner que ces chansons – sauf la célèbre I Can’t Quit You Baby et I Gotta Go – ne sont pas entrées dans les classements des meilleures ventes.

Dans un long article de John Pareles pour le New York Times du 9 novembre, les Stones et le producteur Don Was expliquaient la genèse et les conditions d’enregistrement de Blue & Lonesome. Fin 2015, Jagger, Richards, le guitariste Ron Wood et le batteur Charlie Watts sont au British Grove Studios, à Londres, avec le bassiste Darryl Jones et les claviéristes Chuck Leavell et Matt Clifford. Les Stones planchent sur de nouvelles compositions. Qui ne viennent pas. Pour se détendre, se mettre en train, comme ils en ont l’habitude depuis des lustres, ils jouent quelques blues. Eureka !, que la lumière soit, remisons les nouvelles chansons et enregistrons nos récréations blues.

The Rolling Stones - Hate To See You Go
Durée : 03:24

Celles-ci sont jouées avec un évident allant, sans fioritures, dans une manière assez âpre et brute tout en conservant l’identité sonore Rolling Stones. Lesquels se révèlent plutôt en forme, que cela soit dans l’interaction des guitares, la conviction vocale de Jagger, par ailleurs omniprésent à l’harmonica, la frappe de Charlie Watts, qui peut laisser s’exprimer sa souplesse jazz. Le mixage leur donne la part belle.

Dès la première chanson, Just Your Fool, de l’harmoniciste Little Walter, le ton est donné. Les versions des Stones restent dans les pas des originaux, avec ici et là de petites différences : une attaque d’introduction, quelques mesures solistes, une tonalité, pas de cuivres pour Everybody Knows About My Good Thing mais en invité le guitariste Eric Clapton… Une fidélité à leurs inspirateurs qui renvoie aussi à leur passé, quand leurs trois premiers albums, en 1964 et 1965, présentaient une majorité de reprises de thèmes rhythm’n’blues, rock’n’roll et blues.

Blue & Lonesome, des Rolling Stones, 1 CD Rolling Stones Records-Polydor/Universal Music, version « collector » avec 1 livret de 74 p. avec textes et photographies des séances d’enregistrement. Sur le Web : www.rollingstones.com

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